Une réunion internationale à Paris consacrée à la Syrie et la situation à Alep s'est achevée samedi avec des appels à mettre fin à la souffrance des civils et l'exhortation à trouver une solution politique, mais le sentiment d'impuissance était manifeste.
«Mettre fin à une guerre barbare», «continuer d'agir pour soulager la souffrance des civils», les négociations «seule voie de la paix en Syrie» : les chefs de la diplomatie française, américaine, qatarie et allemande ont lancé des appels lors de la conférence de presse clôturant la réunion, mais sans annonce concrète.
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Le secrétaire d'Etat américain John Kerry, qui a dénoncé des «crimes contre l'humanité et crimes de guerre du régime» syrien à Alep, en a même appelé à la «compassion» de Moscou et Damas pour mettre fin à la tragédie d'Alep, en passe de tomber totalement aux mains du régime.
Un plan pour «sauver Alep»
«Le bombardement aveugle par le régime viole le droit international et dans beaucoup de cas (représente) des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et doit cesser», a-t-il martelé. «Il peut y avoir une solution, mais cela dépend de choix importants et magnanimes de la Russie», a déclaré M. Kerry, rappelant que des experts russes et américains se rencontraient samedi à Genève pour tenter de parvenir à un plan pour «sauver Alep». «Parfois en diplomatie, c'est important de montrer un peu de compassion», a souligné le chef de la diplomatie américaine qui quittera ses fonctions le 20 janvier sans être parvenu à régler le conflit syrien.
La réunion de Paris, à laquelle participait cinq pays occidentaux (dont les Etats-Unis, la France et l'Allemagne), quatre pays arabes (dont le Qatar et l'Arabie Saoudite), la Turquie et l'Union européenne, se tenait au moment où la deuxième ville de Syrie est en passe d'être totalement conquise par le régime et ses alliés, au prix de milliers de morts et de déplacés.
«Quelle paix, si c'est la paix des cimetières ?»
La chute d'Alep ne marquera pas la fin de la guerre en Syrie, ont insisté les ministres. «Quelle paix, si c'est la paix des cimetières ?», a ainsi lancé le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault, en insistant sur l'urgence de «définir les conditions d'une vraie transition politique apte à garantir l'avenir d'une Syrie pacifiée».
«Il faut que des négociations reprennent sur des bases claires dans le cadre de la résolution 2254» de l'ONU, qui a fixé en décembre 2015 une feuille de route pour parvenir à un règlement du conflit. «L'opposition est prête à reprendre les négociations sans préconditions», a assuré M. Ayrault, indiquant que le représentant de l'opposition syrienne, Riad Hijab, qui participait à la réunion, avait fait part de sa disponibilité à négocier.
Une transition politique en question
Toutefois, une source diplomatique a précisé que le HCN (Haut comité des négociations, dirigé par M. Hijab), ne se rendrait à la table des négociations que si la transition politique en Syrie figurait clairement à l'ordre du jour. Plusieurs rounds de négociations indirectes entre régime et opposition sous l'égide de l'ONU à Genève ont échoué début 2016, le régime n'ayant jamais accepté de rentrer dans les détails d'une transition politique.
Pour sa part, le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier a demandé au régime syrien et à ses alliés russe et iranien de «laisser sortir les gens» d'Alep. «Si la Russie, l'Iran et le régime continuent d'affirmer que des combattants radicaux sont encore sur place, je ne peux pas le contester mais la présence de combattants du groupe Fateh al-Cham (ex Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda) ne peut pas justifier le fait que l'on réduise en cendres une ville entière», a-t-il ajouté.
L'évacuation des civils est aussi la priorité pour l'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura, qui préconisent dans un entretien à la chaîne Sky News Arabia, «un processus d'évacuation organisée des combattants de l'opposition» pour assurer une trêve avant une destruction totale d'Alep.