Le réalisateur engagé Michael Moore avait expliqué en juillet dernier dans un billet de blog pourquoi il était persuadé que Donald Trump va remporter l'élection présidentielle américaine en novembre.
«Je n'ai jamais autant désiré avoir tort», écrivait l'auteur de «Farenheit 9/11» et «Bowling for Columbine» sur son site internet. Mais il en était convaincu: à moins d'une mobilisation exceptionnelle du camp adverse, Donald Trump allait poser ses valises à la Maison Blanche.
I hate to be the bearer of bad news, but as things stand today, I think Trump will win. Here's my 5 reasons why: https://t.co/jotMPWmt96
— Michael Moore (@MMFlint) 23 juillet 2016
«Ce dangereux clown à mi-temps et sociopathe à temps plein sera notre prochain président», avait-il averti ses lecteurs. Une certitude qui s'appuyait sur cinq points.
La détresse du Midwest
Michael Moore redoutait d'abord que la «Rust Belt», («la ceinture de rouille») ne vote majoritairement pour le candidat républicain. Ces quatre États du Midwest (Michigan, Ohio, Pennsylvanie et Wisconsin) ont beau être traditionnellement démocrates, ils ont tous voté au moins une fois républicain au cours des six dernières années. Un changement qui s'explique par la détresse de ces territoires post-industriels, où la gauche, qui n'a pas réussi à faire revenir les usines, ne convainc plus.
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Dans cette région, le discours de Donald Trump sur le fait de relocaliser l'industrie fait mouche. Or, une victoire dans ces quatre États en plus des États traditionnellement acquis aux Républicains suffisait à gagner l'élection, sans avoir besoin de «swing states» comme le Colorado ou la Virginie.
La frustration de l'homme blanc
Pour le documentariste, un grand nombre d'hommes blancs, habitués à diriger le monde - du moins les États-Unis - depuis des siècles, supporte mal de voir le pouvoir leur échapper, ou simplement de devoir envisager de le partager. «On vient de subir huit ans pendant lesquels un Noir nous a dicté la marche à suivre, et maintenant on devrait juste se rasseoir et laisser une femme nous diriger pendant les huit prochaines années?», caricaturait ainsi Michael Moore.
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Pour ces électeurs, les sorties racistes et misogynes qui émaillent le discours de Donald Trump ne sont pas un problème: elles contribuent au contraire à donner au candidat républicain l'image d'un refuge rassurant.
L'impopularité d'Hillary Clinton
La candidate démocrate a peiné à enthousiasmer son propre camp. Pour le réalisateur, il est clair que personne ne se lèvera le jour de l'élection avec la même excitation que lorsqu'il fallait aller voter pour Barack Obama en 2008. Alors que le président sortant constituait à l'époque un symbole de changement, Hillary Clinton représentait de son côté la vieille politique. Près de 70% des électeurs des deux camps la jugaient malhonnête et estimaient ne pas pouvoir lui faire confiance.
La déprime des partisans de Bernie Sanders
Michael Moore, lui-même pro-Sanders pendant les primaires, l'affirmait: oui, les afficionados du «socialiste» iront voter pour Hillary Clinton. Mais le problème, c'est qu'ils n'allaient pas militer pas pour elle. Ils n'allaient pas tenter de rallier à leur cause les indécis et les indépendants, ils n'allaeint pas faire pression sur leur entourage pour qu'ils se déplacent le jour du scrutin. Or c'est cette force de mobilisation, plus que le vote des électeurs fidèles d'un parti, qui devait s'avérer déterminante le jour J.
L'effet «Jesse Ventura»
Dans les années 1990, Jesse Ventura, catcheur professionnel sans aucun passé politique, avait été élu gouverneur du Minnesota. Selon Michael Moore, les électeurs s'étaient alors laissés séduire par l'idée de faire une folie, pour voir. «Ils n'ont pas fait ça parce qu'ils étaient stupides ou parce qu'ils pensaient que Jesse Ventura était un homme d'État ou un intellectuel politique. Ils l'ont fait simplement parce qu'ils pouvaient le faire.»
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Le réalisateur craignait que cette logique ne se reproduise pour porter au pouvoir Donald Trump. «À cause de la colère que beaucoup nourrissent contre un système politique défaillant, des millions de personnes vont voter pour Trump non pas parce qu'ils sont d'accord avec lui, mais parce qu'ils le peuvent».