Grand connaisseur de l’Amérique, l’écrivain et journaliste Philippe Labro a suivi avec intérêt la campagne et l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Pour l’auteur de Mon Amérique (éd. de La Martinière), cette victoire sans contestation possible est loin d’être une surprise, même si elle laisse le pays face à l’incertitude.
Cette élection est-elle un séisme ?
Oui et non. Car en réalité de très nombreux observateurs avaient pressenti sa victoire. Mais c’est un énorme événement qui illustre une fracture profonde de l’Amérique.
Quelle a été la ou les clés de cette victoire ?
La première clé a été médiatique. Il est très fort à la télévision, et la presse l’a favorisé en braquant micros et caméras sur lui à chacune de ses frasques. Ensuite, il a eu de l’intuition. Il a senti la colère de l’Amérique profonde, celle du Blanc moyen, et il lui a parlé comme elle parle. Enfin, il a trouvé un slogan, «Rendre à l’Amérique sa grandeur», plus efficace que celui d’Hillary Clinton («Plus forts ensemble»).
Peut-on croire qu’il sera vraiment «président de toute l’Amérique» ?
Tout nouveau dirigeant fait ce genre de discours, s’adressant aussi bien à ceux qui ont voté pour lui qu’aux autres. Mais ce qu’il faut bien retenir de ce premier discours, le premier de toute sa campagne véritablement construit, c’est qu’il a parlé d’un grand «mouvement». Il y a l’idée d’aller de l’avant.
A quoi doit-on s’attendre avec Donald Trump président ?
La véritable question est de savoir de qui il va s’entourer pour travailler et s’il va ensuite tenir toutes ses promesses de campagne. A mon avis c’est impossible, mais il y a de grandes chances qu’il aille au bout de certains de ses projets (comme le mur sur la frontière mexicaine) puisqu’il a les pleins pouvoirs grâce aux deux Chambres du Parlement. Les cent premiers jours de son mandat vont être fascinants.
Son succès peut-il faire boule de neige dans d’autres pays ?
Clairement. Le monde est entré, et ce bien avant l’élection de Donald Trump, dans une vague populiste qui peut aller bien plus loin encore. Le vote pour le Brexit au Royaume-Uni ou la présidence de Viktor Orban en Hongrie en sont des illustrations. Mais cette victoire du républicain Donald Trump pourrait s’avérer un véritable tournant pour la suite.