En pleine présidentielle américaine, l'Arizona Republic a pris position en faveur de la candidate démocrate Hillary Clinton, une première pour ce journal conservateur fondé à Phoenix. Et depuis, la rédaction reçoit menaces de mort et résiliations d'abonnements.
Traditionnellement, à chaque élection, les médias américains choisissent leur camp et soutiennent publiquement un candidat. Mais le choix de l’Arizona Republic d’appuyer Hillary Clinton ne passe pas.
«C'est complètement fou par ici, a expliqué Phil Boas, le rédacteur en chef des éditoriaux, à 12 News. Je ne peux pas croire que nos lecteurs fidèles soient surpris par notre choix, parce que depuis l'année dernière, nous avons publié des articles acerbes et cinglants sur Donald Trump.»
Le milliardaire a d'ailleurs répondu sur Twitter à la prise de position du journal de Phoenix.
The people are really smart in cancelling subscriptions to the Dallas & Arizona papers & now USA Today will lose readers! The people get it!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 30 septembre 2016
«Les gens ont raison de résilier leurs abonnements aux journaux de Dallas, d'Arizona et maintenant USA Today va perdre des lecteurs ! Les gens ont compris !»
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Selon Boas, ce parti pris a certes offensé certains lecteurs, mais aussi attiré beaucoup de soutien. «Nous avons aussi reçu des appels de personnes voulant s'abonner en signe de soutien», a annoncé Mi-Ai Parrish, l'éditeur du journal, sans toutefois divulguer des chiffres précis.
Plusieurs journaux conservateurs soutiennent aussi Clinton
Comme l'indiquait Donald Trump dans son tweet, le Dallas Morning News, qui n'a pas soutenu de démocrate depuis la Seconde Guerre mondiale, cautionne Hillary Clinton. USA Today a encouragé ses lecteurs à ne pas voter pour Trump dans un éditorial, en indiquant qu'il était incapable de gouverner.
L'Arizona Republic ne tourne pas pour autant le dos aux Républicains. Si le candidat avait été «un homme responsable», leur décision aurait été différente, assure Boas. «Nous sommes préoccupés par l'affaire des e-mails d'Hillary Clinton. Cela montre son imprudence (...) mais ce n'est rien comparé aux péchés de Donald Trump.»
La famille Bush s'est aussi détournée de Trump
Le candidat républicain ne divise pas seulement dans les médias, mais aussi au sein même de son parti. Lors de son investiture pour l'élection présidentielle le 21 juillet à Cleveland (Ohio), le malaise était palpable. Plusieurs Républicains ont rompu avec lui, notamment après sa critique du père d'un soldat américain musulman tué au combat en 2004. Les défections se sont accélérées après la fin des primaires, en juin. Et George Bush père ainsi que l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell voteront Clinton.