Trois jours après son échec, la trêve qui avait suscité tant d’espoirs en Syrie n’apparait plus que comme une énième occasion manquée.
Les combats ont repris, sans qu’aucun acteur impliqué ne reconnaisse sa responsabilité dans la fin du cessez-le-feu. Après le raid meurtrier contre un convoi de l’ONU en début de semaine, de nouvelles bombes ont tué au moins quatre infirmiers et ambulanciers dans la nuit de mardi à mercredi 21 septembre.
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La ville d’Alep est de nouveau à feu et à sang et ses habitants plus isolés que jamais. Dans ce contexte, la diplomatie patine, le conflit s’enlise, et la guerre semble sans issue.
Des positions inconciliables
Le président Barack Obama l’a répété, mardi 20 septembre, à la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies: «une victoire militaire est impossible, il faut poursuivre le difficile travail diplomatique». Seulement, plus le conflit syrien s’éternise, plus la perspective de voir des négociations aboutir s’éloigne.
Les Russes, engagés aux côtés du régime, et les Américains, qui soutiennent l’opposition, campent sur leurs positions, avec comme éternel point d’achoppement le sort du président Bachar al-Assad. Si les premiers refusent catégoriquement son départ, les seconds en font la condition, à terme, d’une transition politique.
À ce désaccord de fond s’ajoute une grande difficulté, sur la forme, à faire dialoguer les acteurs. Régime et opposition n’ont en effet jamais accepté de négocier, et s’ils ont consenti à participer à des pourparlers indirects sous l’égide de l’ONU au printemps, ceux-ci sont désormais au point mort.
Quant au dialogue américano-russe, il est certes possible, mais pas fluide pour autant. Ces derniers jours, les deux puissances ont ainsi passé plus de temps à s’accuser mutuellement d’exactions sur le terrain qu’à chercher une porte de sortie. Une situation qui pousse à bout les organisations humanitaires et les civils, pris en otage de cette guerre sans fin.
Une catastrophe humanitaire
Pour le peuple syrien, confronté aux bombardements permanents et aux pénuries innombrables, la vie quotidienne est devenue un combat. De nombreux civils ont été contraints de fuir; au total, le conflit a fait en cinq ans au moins 4 millions de réfugiés et plus de 8 millions de déplacés. La ville d’Alep, principale ligne de front, est presque entièrement détruite, et ses habitants tentent de s’organiser pour survivre dans un champ de ruine.
Tous n’y parviennent pas. La semaine dernière, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme, une ONG basée à Londres qui recense les victimes une par une, a annoncé que le cap des 300 000 morts depuis 2011 avait été dépassé. Mais pour d’autres organismes, qui prennent également en compte les disparus dans leurs estimations, le bilan à déjà atteint les 400 000 tués.
Un chiffre qui risque de s’alourdir encore, alors que les organisations humanitaires suspendent les unes après les autres leurs opérations sur place, leurs agents étant régulièrement pris pour cible.