Un Américain a admis publiquement mardi l'agression suivie du meurtre d'un enfant de 11 ans en 1989, une affaire qui avait choqué les Etats-Unis et suscité une prise de conscience nationale vis-à-vis des «prédateurs sexuels».
Durant plus d'un quart de siècle, la famille de Jacob Wetterling a gardé l'espoir de retrouver vivant le jeune garçon, dont le visage souriant sur des milliers d'affiches est devenu symbole à la fois de l'innocence bafouée mais aussi de ce que les Américains appellent «cold case», c'est-à-dire ces enquêtes judiciaires piétinant des décennies avant d'enfin déboucher.
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Le petit Jacob avait été enlevé le 22 octobre 1989 par un homme masqué et armé alors qu'il roulait à bicyclette à proximité de son domicile dans l'Etat du Minnesota, en compagnie de son frère et d'un de ses camarades.
Une disparition qui avait traumatisé des milliers de foyers
Cette disparition avait traumatisé des milliers de foyers américains, bien au-delà des frontières du Minnesota, et poussé de nombreux Etats ainsi que le Congrès à Washington à adopter dans les années 1990 des lois protégeant l'enfance et coordonnant davantage la lutte contre les délinquants sexuels.
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Mais l'enquête pourtant dotée de gros moyens et très médiatisée s'était enlisée, avant de rebondir l'an dernier avec l'arrestation d'un homme, Danny Heinrich, pour possession d'images pédophiles. L'ADN de Danny Heinrich, 53 ans, s'est par la suite révélé être le même que sur un échantillon prélevé sur un habit que portait un autre enfant, lui âgé de 12 ans, qui avait été victime d'une agression sexuelle neuf mois avant Jacob Wetterling.
Mardi devant un tribunal du Minnesota, Danny Heinrich a reconnu avoir enlevé, violenté et tué le petit Jacob, dans le cadre d'une procédure de plaider coupable lui permettant d'échapper aux poursuites pour ces faits, seule demeurant l'inculpation pour détention d'images pédophiles lui faisant encourir 20 ans de prison. Les aveux négociés ont permis aux enquêteurs de retrouver la semaine dernière le corps de Jacob Wetterling, enterré dans un champ, presque ving-sept ans après sa disparition.
Aucune affaire criminelle n'est insoluble
Le meurtrier a relaté mardi en détails la dernière nuit de sa jeune victime, devant les deux parents de Jacob, a rapporté mardi le journal Minneapolis Star Tribune. «Qu'est-ce que j'ai fait de mal ?», avait interrogé le garçon en s'adressant à son ravisseur qui l'avait menotté sur le siège avant de son véhicule.
Danny Heinrich avait ensuite traîné l'enfant dans un bosquet, l'avait déshabillé, molesté et agressé sexuellement. «J'ai froid», s'était plaint le petit Jacob, qui avait supplié son agresseur de le laisser rentrer chez lui. Mais Danny Heinrich a raconté avoir alors «paniqué». «J'ai sorti mon revolver, j'ai mis deux balles dans le chargeur, j'ai demandé à Jacob de se retourner», a-t-il poursuivi. Il a alors deux fois fait feu.
Dans une conférence de presse mardi, des représentants de la police locale et fédérale ont estimé que la résolution du meurtre de Jacob Wetterling prouvait qu'aucune affaire criminelle n'était insoluble.
«L'enlèvement de Jacob Wetterling en 1989 a mis un terme à une ère d'innocence dans le centre du Minnesota et au-delà, et a eu des répercussions radicales sur la façon dont les parents élèvent leurs enfants», a rappelé John Sanner, le shérif du comté de Stearns.