Dans un livre aux airs de thriller dont l'édition française sort cette semaine, un détective amateur britannique prétend avoir démasqué le célèbre tueur en série Jack l'Eventreur grâce à des prélèvements ADN. Fin d'une énigme ou énième rebondissement ?
Bref rappel des faits : nous sommes en 1888 et cinq femmes sont égorgées et affreusement mutilées dans les rues de Londres (Royaume-Uni). Un certain Jack l'Eventreur signe les meurtres en envoyant de nombreuses lettres à la presse, qui multiplie les tirages et enregistre des records de vente.
Dans le quartier de Whitechapel, les prostituées, cibles privilégiées du serial killer, craignent pour leur vie. Pas moins de 167 suspects sont appréhendés au cours de l'enquête. Mais ledit Jack, le vrai, ne sera jamais attrapé par la police et son identité demeurera inconnue... jusqu'à ce jour ?
De l'ADN sur le vieux châle d'une victime
Car Russell Edwards, entrepreneur britannique en quête de vérité, affirme avoir résolu, par l'ADN, le "cold case" le plus célèbre de l'histoire du Royaume-Uni. Son intérêt pour l'affaire naît dans une vente aux enchères en 2007, lorsqu'il repère - et achète - un vieux châle en soie, long de 2,4 mètres et en partie déchiré. Cette longue étole est celle qui fut retrouvée près du cadavre de Catherine Eddowes, quatrième et avant-dernière victime attestée du célèbre criminel.
Le détective en herbe s'est alors associé à Jari Louhelainen, spécialiste de biologie moléculaire de l'université de Liverpool. Il est convaincu que les traces sur le châle sont des restes de sang et de sperme encore exploitables scientifiquement. C'est le cas : par une technique novatrice, Jari Louhelainen est parvenu à extraire de l'ADN "au coeur du tissu". Après investigations, il s'avère que ce fragment d'ADN - qui aurait été du sperme - correspond à l'empreinte génétique d'un descendant d'Aaron Kosminski, déjà suspecté en 1888 d'être le tueur en série.
Naming Jack the Ripper: The Biggest Forensic Breakthrough Since 1888 Russell Edw https://t.co/SkdaqlvYQn pic.twitter.com/ggLfUHAxne
— extremely extraordin (@pesquerasalvia4) 2 Janvier 2016
Un ancien suspect remis au goût du jour
Déjà, en 1910, l'ancien patron du Bureau d'investigation criminelle britannique, Robert Anderson, regrettait de n'avoir pu réunir les preuves pour accuser formellement le "juif polonais" Aaron Kosminski - qu'il tenait pour Jack - et notait : "Si notre police avait possédé les mêmes pouvoirs que la police française, le meurtrier aurait pu être traduit en justice". Ainsi le nom de Kosminski figurait dans la liste de noms soupçonnés par Scotland Yard.
Publié au Royaume-Uni en septembre 2014, l'ouvrage de Russell Edwards "Jack l'Eventreur démasqué" ("Naming Jack the Ripper") a néanmoins essuyé quelques critiques de la part de généticiens, notamment sur son manque de rigueur et son aspect grand public. Mais pour son auteur, il n'y a plus de doute : "Cent vingt-six ans après les faits, et grâce aux analyses ADN, nous avons enfin levé le voile sur l'identité du tueur".