Le gouvernement philippin mène une guerre sans merci contre le trafic de drogue. Encouragés par le président Duterte, près de 2.000 meurtres de supposés dealers ont jusqu'à présent été perpétrés dans le pays par des tueurs à gages. Parmi eux, des femmes.
«Mon premier contrat, c'était il y a deux ans. Je me sentais très angoissée et nerveuse parce que c'était ma première fois», explique Maria (son prénom a été modifié) à la BBC. Maria fait partie d'une équipe de tueurs à gages a succès qui comprend trois femmes. Un atout qui, selon elle, leur permet d'approcher leurs victimes sans éveiller les soupçons contrairement à un homme.
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Maria décrit comment elle en est venue à débuter dans «le métier». Un jour, son mari, qui travaillait déjà en tant que tueur à gages, se trouvait dans une situation compliquée nécessitant la présence d'une femme pour mener à bien sa mission. «Mon mari m'a frappé pour faire le travail. Quand j'ai vu l'homme que j'étais supposé tué je me suis approché de lui et je lui ai tiré dessus», raconte Maria.
380 euros le meurtre
Elle et son mari, tous deux originaires d'un quartier très pauvre de Manille, n'avaient aucun revenu régulier avant d'accepter de devenir des tueurs à gages. Ils gagnent 20.000 pesos philippin (380 euros) par contrat. Une somme conséquente pour des Philippins vivant sous le seuil de pauvreté. L'argent est partagé en trois ou quatre parts selon les intermédiaires et le nombre de personnes membres de l'équipe de tueurs.
Depuis l'élection, le 30 juin 2016, de Rodrigo Duterte, le président des Philippines, qui encourage la police et les citoyens a abattre les dealers qui résistent à leur arrestation, Maria a tué cinq personnes, tous d'une balle dans la tête. Les meurtres liés aux tueurs à gages ne sont pas nouveaux aux Philippines. Ce qui a changé, c'est le développement important de cette activité qui a coïncidé à la prise de fonction du président Duterte.
«Ne détruisez pas mon pays sinon je vous tuerai»
Avant son élection, l'homme fort des Philippines avait pris un engagement pour le moins particulier : faire tuer 100.000 criminelles dans les six premiers mois de son mandat. Il avait également mis en garde les trafiquants de drogue : «Ne détruisez pas mon pays sinon je vous tuerai».
Le week-end dernier, il a réitéré ce point de vue et a également défendu les exécutions extrajudiciaires de présumés criminels. «La vie de ces criminels a-t-elle vraiment de l'importance ?», a-t-il questionné. Cette prise de position radicale est motivée par la prolifération de la cristal meth, connue sous le nom de «shabu» dans les Philippines. Peu chère, facile à produire et extrêmement addictive, cette drogue de synthèse est un véritable fléau dans le pays.