Le nouveau président des Philippines, Rodrigo Duterte, a demandé à ses concitoyens de l'assister dans la lutte contre le crime lié à la drogue. Quitte à tuer s'il le faut.
"Appelez la police ou faites le travail vous-même si vous possédez une arme - vous avez mon soutien." Telle est la phrase choc prononcée par le chef d'Etat à l'occasion d'un discours prononcé samedi soir à Davao, la plus grande ville du pays. Le président a en effet encouragé les Philippins à tuer tout dealer qui résisterait à son arrestation ou qui les menacerait d'une arme, qu'elle soit blanche ou à feu. Mieux (ou pire), il a assuré que les citoyens répondant à l'appel seraient récompensés : "Abattez-le et je vous donnerai une médaille".
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Le 9 mai dernier, Rodrigo Duterte, avocat de formation, a pris la tête du pays avec une promesse de campagne : secouer l'establishment et mettre fin au crime et à la corruption dans les six mois suivant son élection. Un credo purement rhétorique selon les hautes sphères de la police philippine, qui ont affirmé que la criminalité était impossible à éradiquer dans son ensemble.
Dans son speech, samedi, le chef d'Etat a par ailleurs intimé à trois cadres de la police de démissionner, les accusant d'être impliqués dans des crimes - sans préciser lesquels. Il a ensuite menacé de les humilier en public s'ils refusaient d'optempérer.
Adepte des méthodes expéditives, et notamment des "escadrons de la mort", le chef d'Etat n'en est pas à son premier dérapage. En 2009, il déclarait à l'attention des criminels : "Tant que je serai maire (de Davao), vous serez une cible légitime d'assassinat". Libéral à l'extrême, il se permettait en novembre 2015 de qualifier le pape François de "fils de pute", la venue du souverain pontife ayant embouteillé les routes.
Le 17 avril dernier, il plaisantait à propos du viol collectif et du meurtre d'une missionnaire australienne lors d'une émeute dans une prison de Davao en 1989 : "J'étais en colère qu'ils l'aient violée, mais elle était si belle. Je me suis dit : 'Le maire aurait dû passer en premier'". Plaidant pour une liberté d'expression totale, il ne s'est jamais excusé.
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A peine élu, Rodrigo Duterte a annoncé le 15 mai qu'il comptait "rétablir la peine de mort par pendaison" et qu'il donnait aux forces de l'ordre la permission de "tirer pour tuer". Des déclarations dignes de son surnom donné en 2002 par le magazine américain Times : "The Punisher" (comprendre, le punisseur).