La situation humanitaire s’empire au Nigeria. Le pays déjà lourdement impacté par la présence de Boko Haram sur son sol est maintenant touché par la famine.
Les organisations humanitaires tirent le signal d’alarme. Et pour cause : dans le nord-est du pays, la zone ou sévit principalement le groupe terroriste Boko Haram, des milliers de personnes risquent de mourir.
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«Parmi les pires situations que j'ai eu à connaitre»
Toby Lanzer, coordinateur humanitaire régional de l’ONU pour le Sahel, interrogé par l’AFP a dressé un bilan particulièrement alarmant de la situation après avoir fait une tournée dans l’état du Borno (nord-est du Nigeria) : «J'ai travaillé dans de nombreux endroits - la Centrafrique, le Darfour, le Soudan du Sud - et la situation des populations vivant dans les zones très rurales de l'Etat du Borno figurent parmi les pires que j'ai eu à connaître». Il a par ailleurs ajouté que selon lui, 220 millions de dollars (soit 200 millions d’euros) étaient nécessaires pour «maintenir les gens en vie» lors des dix prochaines semaines.
Boko Haram, un obstacle à l'aide humanitaire
Alors que la situation économique du pays est dramatique, principalement en raison de la chute des cours mondiaux du pétrole, dont le Nigeria est le premier producteur du continent, le travail des ONG est rendu particulièrement compliqué. De fait, la présence des combattants de Boko Haram qui multiplient les attaques et les embuscades sur les routes de l’état du Borno rend particulièrement dangereuse toute expédition.
«Cinq personnes meurent chaque jour au moment où nous parlons»
Une équipe de l’ONU a malgré tout réussi à se rendre dans un camp de Banki, à 60 kilomètres de Bama. Se basant sur leurs témoignages, Toby Lanzer décrit une situation «atroce» : «des dizaines de personnes meurent chaque jour de malnutrition. Nous estimons qu’il y a là 15.000 personnes et que sur ce nombre, cinq meurent chaque jour au moment où nous parlons».
Les fonds réclamés seront destinés à l’approvisionnement en eau potable, médicaments, couvertures et vivres a-t-il précisé. À ses yeux, si les gouvernements et populations mondiales se mobilisent si peu pour le Nigéria, c’est en raison de la mauvaise image que véhicule le pays. Pourtant, si rien n’est fait «des milliers de personnes vont mourir» a-t-il prévenu.