Deux semaines après son carnage dans une boîte gay de Floride, Omar Mateen reste largement une énigme pour le FBI, les experts lui trouvant toutefois des points communs avec d'autres meurtriers de sa trempe aux Etats-Unis.
L'Américain d'origine afghane a été inhumé dans une discrétion absolue près de Miami, dans un cimetière musulman situé à trois heures de route du night-club d'Orlando où 49 personnes ont péri et davantage été blessées par balle. Abattu par la police, Mateen est le 50e mort.
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Les 29 années de son existence ont depuis été disséquées, de sa naissance à New York jusqu'aux trois dernières heures passées dans la pénombre du "Pulse", au milieu de ses victimes agonisantes. Trois heures durant lesquelles les policiers ont échoué à le convaincre de se rendre. Après avoir plaidé allégeance à Daesh, Omar Mateen a péri les armes à la main, sans expliquer pourquoi il avait choisi un tel endroit pour semer l'effroi.
Cela reste la principale interrogation concernant cet homme radicalisé et visiblement écartelé entre de violentes pulsions contradictoires. Mateen souffrait-il d'une homosexualité refoulée entrant en conflit avec son intégrisme religieux? Les enquêteurs n'ont pu l'établir, même si le tueur a fréquenté des sites gays et effectué des repérages au Pulse.
Citoyen lambda
A-t-il été téléguidé sur la voie du jihadisme au contact d'extrémistes? Le FBI en doute, même s'il avait par deux fois attiré son attention. Face à l'inconnue du mobile, certaines pistes se dessinent pourtant si on considère d'autres récents massacres en Amérique. Les spécialistes constatent ainsi que Mateen correspond plutôt bien à un portrait robot du jihadiste "maison" qu'a défini l'institut New America en se penchant sur 330 dossiers depuis le 11 septembre 2001.
Selon cette étude, le jihadiste américain "type" a 28 ans et un niveau d'éducation comparable à la moyenne nationale. Un sur deux est diplômé de l'éducation secondaire, un sur trois est marié et déjà parent, affichant une apparente normalité. De ce point de vue, il est intéressant de comparer Omar Mateen à Syed Farook et Tashfeen Malik, couple de musulmans qui ont tué 14 convives à un repas de Noël fin 2015 à San Bernardino, en Californie.
Farook et Malik "présentent exactement ce profil: il avait 28 ans, elle 29, étaient mariés, avaient un enfant, ils ont fait des études universitaires et sont diplômés dans des matières techniques. De même, Mateen était marié, avec un enfant, un boulot fixe, bref un Américain lambda", souligne Peter Bergen, auteur de "United States of Jihad".
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Après San Bernardino et Orlando, le candidat républicain à la présidentielle Donald Trump a appelé à juguler l'immigration des musulmans. Mais Syed Farook était un Américain né à Chicago, insiste M. Bergen. Nidal Hasan, l'ancien psychiatre qui a abattu 13 personnes sur la base militaire de Fort Hood en 2009, est lui né en Virginie. Idem pour Mateen, "né dans le Queens, exactement comme Donald Trump".
Farook et Mateen présentent une autre similitude: ils ont hésité entre différentes voies radicales. "Un temps Farook a semblé s'intéresser aux shebab (insurgés islamistes affiliés à Al-Qaïda, ndlr), puis il s'est tourné vers Al-Qaïda au Yémen et écoutait (l'islamiste américano-yéménite) al-Awlaki. De la même façon, Mateen a confié à ses collègues son admiration pour le Hezbollah et Al-Qaïda, s'inspirant d'al-Awlaki", constate Peter Bergen.
Héros rêvé et déchu
Omar Mateen s'est par ailleurs montré violent avec sa première épouse, un trait de personnalité que présentent 16% des auteurs de fusillades meurtrières, selon une étude de l'organisation Everytown for gun safety portant sur la période janvier 2009 à juillet 2015. Enfin, les experts sont persuadés qu'une frustration personnelle peut devenir l'élément déclencheur du passage à l'acte chez une personnalité ayant des rêves de grandeur contrariés.
Tamerlan Tsarnaev, auteur avec son frère de l'attentat du marathon de Boston d'avril 2013, "se voyait boxeur olympique, mais ses rêves se sont évaporés. A l'époque des attentats, il était sans emploi, vivait aux crochets de sa femme qui travaillait comme aide-soignante 80 heures par semaine", explique Peter Bergen. "Il a commis l'attentat de Boston pour devenir le héros de sa propre histoire". Omar Mateen rêvait lui de faire carrière dans la police, comme en témoignent les photos où il pose en chemisette d'uniforme. Mais, en avril 2007, il a été exclu de cette formation en raison de son indiscipline. Certains pensent que ce fut un prélude à son déferlement de violence.