Face à une possible sortie de l’Union européenne arguments solides et phrases choc s’enchaînent de chaque côté, en Grande-Bretagne et ailleurs.
C’est le sprint final pour le Brexit. Dans un mois jour pour jour, les Britanniques seront appelés aux urnes pour répondre à une seule et unique question : «Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ?». Mais si l’énoncé est simple, ses conséquences le sont moins, et celles-ci divisent depuis plusieurs mois le pays. Car une sortie de l’UE, qui semblait impossible il y a trois ans lorsque le Premier ministre David Cameron évoquait un possible référendum, est devenue tout à fait probable. De quoi enflammer les débats.
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Face à la peur de perdre des uns, et à l’espoir de gagner des autres, tous les coups semblent permis. Jusqu’au sein de la même famille politique. Au parti conservateur, l’ancien maire de Londres Boris Johnson, un des premiers partisans d’une sortie, a ainsi comparé le désir de l'UE d'unifier le continent aux projets d’Adolf Hitler. Le Premier ministre David Cameron, son chef chez les Tories mais avocat du maintien, a de son côté estimé qu’un Brexit ferait plaisir aux jihadistes de Daesh, tout en brandissant le spectre d’une troisième guerre mondiale.
Le ministre des Finances George Osborne a quant à lui accusé les pro-Brexit d’être «économiquement ignares» en ne prenant pas en compte les risques d’une sortie. Dans ce climat, Nigel Farage, le leader du parti europhobe Ukip, a fini par avertir que «la violence pourrait être la prochaine étape». Et la presse n’est pas en reste. «Douze millions de Turcs disent qu’ils veulent venir au Royaume-Uni […] essentiellement des chômeurs et des étudiants», titrait ainsi le tabloïd Sunday Express.
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Mais ces formules chocs, qui semblent surfer sur la peur des électeurs pour occulter le vrai débat, ne s’arrêtent pas aux frontières de la Grande-Bretagne. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a ainsi comparé les pro-Brexit à des «déserteurs». Les pays du G7 ont de leur côté mis en garde contre le «choc» d’un tel scénario, notamment pour l’économie mondiale déjà affaiblie.
La boîte de Pandore ouverte ?
Quoi qu’il advienne au soir du 23 juin, la campagne du Brexit aura des conséquences sur le mythe d’une Europe unie. Qu’ils sortent ou non de l’UE, les Britanniques ont en effet réveillé les sentiments eurosceptiques dans d’autres Etats, ou les habitants peuvent être attirés pas une sortie ou par une Europe «à la carte». Une étude réalisée au début de l’année montre ainsi que 53 % des Français souhaitent aux aussi un référendum sur le maintien ou non de leur pays dans l’Union européenne. Ils ne voteraient pas forcément pour un «Frexit», mais estiment que la question mérite d’être posée. En Suède, ils sont 49 % a le penser aussi, 47 % en Espagne, et 45 % en Allemagne.