Une femme de ménage, mère d’un activiste pour la démocratie, est accusée d’insulte à la monarchie pour avoir posté «Ja» («je vois», ou «oui») dans une conversation privée sur Facebook.
Une accusation qui n’est pas à prendre la légère puisqu’elle peut conduire à une peine de 15 ans de prison. Les autorités thaïlandaises accusent Patnaree Chankij, une femme de ménage de 40 ans, d’avoir répondu «Ja» (qu’on peut traduire par «oui», ou par «je vois») à son interlocuteur, un activiste de 28 ans arrêté le mois dernier, pour lui signaler qu’elle avait bien reçu son message. Un simple mot qui, pour la junte au pouvoir, suffit à constituer un crime contre la monarchie. Le chef du département de crime technologique responsable de l’enquête a ainsi affirmé au New-York Times «que les autorités avaient suffisamment de preuves pour montrer que ces deux ‘prévoyaient quelque chose ensemble’», avant d’ajouter qu’un simple «like» sur le réseau social pouvait conduire à la même issue. Puis de mettre en garde les journalistes thaïlandais sur le fait qu’une information jugée fausse et diffusée par la presse pourrait avoir de lourdes conséquences pour le journaliste responsable.
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La mère d'un militant
Pourtant, la vraie raison de son accusation pourrait être toute autre. Patnaree Chankij est la mère de Sirawith Seritiwat, un étudiant en sciences militant pour la démocratie, membre de groupes politiques fréquemment visés par les autorités. Ce dernier, lors qu’une manifestation de soutien à affirmé que sa mère «n’avait jamais exprimé une quelconque opinion politique ou débattu avec quelqu’un». Avant d’accuser le pouvoir en place, sans mâcher ses mots : «la junte utilise ma mère comme une otage. Je peux vous dire qu’il ne s’agit pas d’un acte courageux. Ce n’est pas la façon dont le gouvernement devrait agir avec le peuple».
Human Right Watch condamne
Cette arrestation a été vivement condamnée par l’ONG «Human Rights Watch». Brad Adams, directeur exécutif de la division Asie de HRW, s’est notamment exprimé en des termes peu flatteurs à propos des agissements de la junte militaire au pouvoir : «la junte thaïlandaise a sombré à un niveau encore plus bas en mettant en examen la mère d’un activiste grâce à la loi sur ‘l’insulte à la monarchie’, qui a été systématiquement utilisée pour faire taire les critiques. Poursuivre quelqu’un pour sa réponse vague à un message Facebook est juste le dernier épisode outrageant de la loi sur le crime de lèse-majesté».