Les dizaines de milliers d'habitants évacués de Fort McMurray, ville de l'ouest canadien en proie aux incendies depuis trois jours, devront attendre longtemps avant de pouvoir revenir chez eux, ont prévenu jeudi les autorités qui ont organisé un pont aérien pour les sinistrés.
Les dégâts provoqués par les incendies de forêt et de broussailles sont tellement importants qu'il serait illusoire pour les habitants de penser revenir à Fort McMurray sous peu, a prévenu la Première ministre de l'Alberta, la province dont dépend la ville, jeudi soir à la télévision.
"Je vais être très directe (...) ce n'est simplement pas possible, ni responsable de spéculer sur le moment où les habitants pourraient rentrer" et "malheureusement, nous savons que ce ne sera pas une question de jours", a déclaré Mme Notley.
Les feux ont encore ravagé jeudi des secteurs entiers de la ville, évacuée de tous ses habitants, tandis que les secours procédaient à de nouvelles évacuations aux alentours, poussant un peu plus loin des milliers de personnes sur les routes ou dans les refuges.
Toute l'agglomération de Fort McMurray et des trois autres communes à quelques dizaines de kilomètres au sud ont été vidées et ce sont près de 100.000 habitants au total qui ont été évacués depuis bientôt 48 heures dans ce qui reste la plus importante opération du genre pour des incendies au Canada.
Certains quartiers ne sont plus que cendres et carcasses calcinées, selon des images partagées par des pompiers. Au milieu d'un rideau de fumée, les arbres sont transformés en torche de feu de 30 ou 40 mètres de hauteur.
Le gouvernement a commencé jeudi un pont aérien pour sortir une bonne partie des 25.000 personnes coincées au nord de Fort McMurray où ils risquaient d'être pris en tenaille par les flammes.
L'objectif d'en évacuer 8.000 par les airs, avec une noria d'hélicoptères et d'avions des compagnies pétrolières et des forces armées, est en passe d'être réalisé, a assuré Mme Notley.
Pour les autres, coincés sans essence pour remplir leur réservoir, un camion-citerne va être escorté et la route va être sécurisée par les pompiers et les avions bombardiers d'eau afin d'éviter une catastrophe.
- 'Récupérer les objets de valeur' -
Ensuite, une fois les pleins effectués, les secours devraient organiser un transfert en convoi pour gagner le sud de Fort McMurray et ouvrir les accès aux grandes villes comme Edmonton, capitale de la province à 400 km de là, puis une distance équivalente pour rejoindre Calgary.
La décision du gouvernement d'interdire tout retour avant longtemps va décevoir des milliers de personnes comme Gord Bell, réfugié avec sa famille dans des baraques de chantier à Wandering River, à 200 km au sud de Fort McMurray. Juste avant l'annonce de Mme Notley, Gord Bell a confié à l'AFP qu'il préférait "être en première ligne pour rentrer" à Fort McMurray dès que possible.
"Je n'imagine pas abandonner Fort McMurray, c'est chez moi et je veux y vivre", avait-il ajouté.
Le gouvernement de la province a promis d'aider les sinistrés. Première étape, des aides financières vont être allouées aux populations évacuées pour leur permettre de se vêtir et se nourrir.