Les feux continuaient jeudi à ravager des secteurs entiers de la ville canadienne de Fort McMurray (ouest), vidée de ses habitants, tandis que les secours procédaient à de nouvelles évacuations aux alentours, ajoutant des milliers de personnes sur les routes ou dans les refuges.
Pour les rescapés ou les responsables, comparant l'incendie à "un monstre" ou "une bête", le cauchemar n'en finit pas et les scènes de fuite, relayées par les réseaux sociaux ou les télévisions, témoignent de l'ampleur de la catastrophe. Au milieu d'un rideau de fumée, les arbres sont transformés en torche de feu de 30 ou 40 mètres de hauteur sur le bord des routes et de longues files de véhicules roulent dans le même sens en occupant les deux voies de circulation.
Les habitants évacués
La ville de Fort McMurray a été vidée de ses habitants depuis bientôt 48 heures et certains quartiers ne sont plus que cendres et carcasses calcinées, selon des images partagées par des pompiers. Les vents de nord-ouest, soufflant jusqu'à 40 km/h, ont attisé les feux de forêt et de broussailles au sud de la ville, conduisant trois autres municipalités à également procéder à des évacuations en toute urgence dans la nuit de mercredi à jeudi, comme Anzac, située à 35 kilomètres au sud. Des policiers ont même fait du porte-à-porte pour s'assurer que les habitants quittaient leur domicile.
Feux de forêt La ville entière de #FortMcMurray évacuée : 80 000 personnes. Routes encombrées. pic.twitter.com/KV1s6GVkln
— B3zero (@B3zero) 4 mai 2016
Un peu plus tôt le gouvernement de la province de l'Alberta, grande pratiquement comme la France, avait décrété l'état d'urgence, ce qui lui permet de coordonner les secours avec le gouvernement fédéral pour lutter contre les incendies, mais aussi de porter assistance aux quelque 100.000 personnes évacuées.
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Le Premier ministre Justin Trudeau a annoncé jeudi devant les députés que l'Etat allait aider les sinistrés en donnant par exemple un dollar d'argent public pour tout dollar versé à la Croix rouge par les Canadiens. "Des maisons ont été détruites, des quartiers ont disparu dans les flammes, les images que nous avons tous vues de voitures se ruant sur les routes tandis que le feu embrasait les bas-côtés sont tout à fait terrifiantes", a déclaré Justin Trudeau.
Largest fire-related evac ever in AB, +29,000 forced to leave. You can help: https://t.co/xa0TIyfAy8 #ABFire pic.twitter.com/ESmqYk6wNA
— Canadian Red Cross (@redcrosscanada) 4 mai 2016
"C'est un jour terrible pour l'Alberta mais nous allons persévérer", a dit en pleurs Rona Ambrose, élue de la province. Tout doit être mis en oeuvre et "nous devons faire tout ce qui est humainement possible pour sauver les populations de ce danger mortel et s'assurer que la bête peut être maîtrisée aussi vite que possible", a assuré le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale à la télévision publique CBC.
250 pompiers mobilisés
Sur la route, plus aucune chambre dans les motels et les camps de travailleurs n'était disponible alors que ces hébergements étaient à moitié vides après les licenciements massifs depuis deux ans par les compagnies pétrolières. "Fort McMurray a été déménagé et on les a accueillis (les habitants, ndlr) dans les camps, mais maintenant nous sommes pris dans une souricière, c'est un monstre", a témoigné Roger Saint-Pierre, travailleur du pétrole à 30 km au nord de la ville sur Radio-Canada, en expliquant que toute fuite était impossible si le feu prenait plus au nord.
Sur le front des feux, la situation est parfois hors de contrôle selon les pompiers. Ils sont 250 à se relayer et une autre centaine doit arriver dans les prochaines heures, assistés de 16 avions bombardier d'eau et de 12 hélicoptères.