L'envoyé spécial de l'ONU sur la Syrie veut "revitaliser" avec l'aide de Washington et Moscou le cessez-le-feu "en grave danger" dans ce pays, avec notamment l'intensification des bombardements sanglants dans la région d'Alep (nord).
Les Etats-Unis et à la Russie sont les deux initiateurs du cessez-le-feu introduit le 27 février pour faciliter les pourparlers de paix entre régime et rebelles pour trouver une solution à une guerre ayant déjà tué plus de 270.000 personnes en cinq ans. Le 3e round de négociations qui avait commencé le 13 avril s'est achevé mercredi à Genève sans aucun progrès puisque les principaux représentants de l'opposition ont quitté la table des négociations pour protester contre la dégradation de la situation humanitaire et les violations de la trêve.
Au cours d'une conférence de presse donnée dans la nuit de mercredi à jeudi à Genève, M. de Mistura a indiqué qu'il avait recommandé au Conseil de sécurité d'organiser dans un futur proche une rencontre du GISS (Groupe international de soutien à la Syrie composé de 17 pays et co-présidé par la Russie et les Etats-Unis, ndlr). "Nous voulons obtenir cette réunion du GISS avant de lancer le nouveau round (de négociations de paix intersyriennes) au cours du mois de mai", a-t-il dit. "Mon but est de continuer les entretiens, avec au moins un ou deux autres rounds d'ici juillet", a-t-il ajouté.
Intensification des bombardements
Alors que les grandes puissances affirment que la trêve tient toujours, pour les habitants d'Alep, dans le nord de la Syrie, le cessez-le-feu décrété il y a deux mois est bel et bien mort avec l'intensification des bombardements sanglants. "Durant ces dernières 48 heures, un Syrien est mort toutes les 25 minutes, le dernier pédiatre d'Alep aurait été tué lors des bombardements survenus" dans la soirée, a déploré M. de Mistura. "Le cessez-le-feu est toujours vivant, mais il est en grand danger", a-t-il encore dit.
Pour la première fois, M. de Mistura a également publié un résumé en 7 pages des entretiens menés lors du dernier round de pourparlers intersyriens, et qui ont porté sur l'agenda d'une transition politique en Syrie et la mise en place "d'une gouvernance" de transition "inclusive". "Les parties syriennes ont à présent accepté la nécessité d'une transition politique" qui sera chapeautée par une "nouvelle et inclusive gouvernance, qui remplacera la gouvernance actuelle en Syrie", a indiqué M. de Mistura.
Il a cependant ajouté qu'il y avait toujours des fossés "substantiels" concernant les représentations de cette transition et il a dressé une liste des problèmes "fondamentaux" qui doivent être réglés en vue d'instaurer une transition "politique viable" en Syrie. Cette liste, a-t-il dit, n'est pas figée et peut être modifiée au fur et à mesure des discussions.
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M. de Mistura a également indiqué que le round qui vient de se terminer avait été fortement influencé par la dégradation de la situation sur le terrain en Syrie. Il a demandé notamment un accès pour l'aide humanitaire dans des villes telles que Douma, Darraya, Madamiyet Elsham et East Harasta.
"Je ne sais pas de quelle trêve ils parlent. Il n'y a pas de trêve ici", affirme Abou Mohammed, qui réside dans la partie est de la ville d'Alep contrôlée par les rebelles. "Les bombardements et les tirs de roquettes ne s'arrêtent jamais. C'est comme si on était en pleine guerre mondiale", raconte ce propriétaire d'une échoppe, père de quatre enfants.
Ces derniers jours, les bombardements dans la province d'Alep, notamment dans la ville éponyme, se sont multipliés, provoquant la mort de plus d'une centaine de civils depuis vendredi. Mercredi soir, au moins 20 civils ont été tués lors d'un raid aérien des forces gouvernementales syriennes contre un hôpital et un immeuble résidentiel contrôlés par la rébellion à Alep.
Washington et Moscou rassurants
En fait, "si la trêve tient c'est entre les Etats-Unis et la Russie, pas entre l'opposition et le régime", résume Abou Mohammed. Washington et Moscou, les deux parrains du cessez-le-feu, ne cessent en effet d'assurer que la cessation des combats tient en majeure partie.
"Nous ne sommes pas prêts à la déclarer morte", a dit le département d'Etat. "Celle-ci tient en dehors d'Alep. Nous reconnaissons que, dans et autour d'Alep, il y a de multiples incidents qui nous préoccupent sérieusement".