Le Bénin a voté dimanche dans le calme pour choisir entre le Premier ministre sortant Lionel Zinsou et l'homme d'affaires Patrice Talon lors du second tour de l'élection présidentielle, dont les résultats officiels sont attendus dans une semaine.
Quelque 4,7 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans les 7.908 bureaux de vote du pays pour élire le successeur de Thomas Boni Yayi. Celui-ci, au pouvoir depuis 2006, s'est retiré au terme de deux mandats, conformément à la Constitution de ce petit pays ouest-africain, premier État d'Afrique francophone à avoir entamé une transition démocratique au début des années 1990.
Contrairement au premier tour, où des "grandes tendances" ont pu être annoncées par la commission électorale dans les trois jours, il faudra cette fois attendre les résultats officiels publiés par la Cour constitutionnelle, qui "interviennent généralement une semaine après le scrutin", a précisé Théodore Holo, le président de cette institution, à la presse.
Le banquier d'affaires franco-béninois Lionel Zinsou était arrivé en tête lors du premier tour, le 6 mars, suivi de près par le "roi du coton" Patrice Talon (27,11% contre 23,52%).
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A Cotonou, favorable à M. Talon au premier tour, entre 200 et 300 militants ont crié victoire dimanche soir dans le quartier de Cadjehoun, près de la résidence de M. Boni Yayi, sous la surveillance d'une vingtaine de soldats.
"Tout s'est bien passé, rien de grave à signaler" à part quelques "tentatives de bourrages d'urnes" en cours de vérification, a déclaré à l'AFP le général Mathieu Boni, un des responsables d'une plateforme de la société civile qui avait déployé quelques milliers d'observateurs.
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A l'école primaire Charles Guillot du quartier de Zongo, à Cotonou, de nombreux électeurs se sont massés en soirée autour des fenêtres des six bureaux de vote pour suivre religieusement le décompte des voix.
"Le moment du dépouillement est même plus important que le vote", a estimé Martin Adjaho, un "zem" (conducteur de moto-taxi) venu s'assurer que "tout se passe bien".
C'est dans ce quartier populaire de la capitale économique béninoise que M. Talon est venu voter peu avant midi, affichant un style décontracté, chemise blanche et lunettes de soleil.
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Il était accompagné de Sébastien Ajavon, l'autre homme d'affaires candidat, troisième homme du premier tour où il a recueilli 22% des voix.
Outre M. Ajavon, M. Talon bénéficie du précieux soutien de 23 autres candidats du premier tour.
- 'La rupture' en Porsche -
Vêtu d'un ample boubou blanc et d'un petit chapeau, M. Zinsou a déposé son bulletin dans l'urne peu après 11H00 au collège Océan, dans le quartier Cocotiers de Cotonou.
M. Zinsou, 61 ans, est le candidat des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE, au pouvoir), et a été adoubé par deux grands partis d'opposition, rassemblant derrière lui une grande majorité de députés de l'Assemblée nationale.
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Ce soutien ne s'est pourtant pas traduit par un large succès. Il a devancé son principal rival d'à peine 100.000 voix.
Outre le chômage, notamment des jeunes, la corruption, la santé et l'éducation sont les principaux défis que devra relever le successeur du président Boni Yayi.
Peu diversifiée, l'économie de ce pays de 10,6 millions d'habitants s'appuie essentiellement sur l'agriculture et le commerce de transit et de réexportation vers son grand voisin et principal partenaire, le Nigeria.
Ancienne plume du Premier ministre socialiste français Laurent Fabius dans les années 1980, M. Zinsou a quitté son poste à la tête de PAI Partners, un des plus gros fonds d'investissement européens, pour devenir Premier ministre en juin 2015.
Il dit vouloir mettre à profit sa brillante carrière internationale et son gigantesque carnet d'adresses pour développer le Bénin. Mais ses détracteurs, qui le traitent de "yovo" ("Blanc"), lui reprochent d'être "parachuté" par la France, l'ancienne puissance coloniale, pour raviver les réseaux de la "Françafrique".
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M. Talon, "self-made man" de 57 ans, qui s'est rendu aux urnes le 6 mars au volant de son coupé Porsche, tient à son image d'homme d'affaires prospère et dit incarner "la rupture".
Entrepreneur incontournable au Bénin, contrôlant le secteur clé du coton et la gestion du port de Cotonou, Patrice Talon a financé les deux campagnes de M. Boni Yayi avant de devenir son ennemi numéro un.