Le président des États-Unis Barack Obama doit rencontrer ce lundi 21 mars à La Havane son homologue cubain Raul Castro, après cinq décennies de vives tensions entre les deux pays.
Arrivé dimanche soir pour deux jours en compagnie de son épouse et de ses filles, le président américain a prévu un programme chargé, avec pour point d’orgue un discours à la nation cubaine mardi, devant les caméras du pays tout entier.
Des avancées irréversibles
Pour le président des États-Unis comme pour Raul Castro, l’objectif de cette visite est clair : rendre irréversibles les progrès accomplis au cours des derniers mois dans la normalisation des relations américano-cubaines. «Barack Obama démontre ainsi qu’il est du bon côté de l’histoire», explique Olivier Richomme, maitre de conférence en civilisation américaine à l’université Lyon-II. Le président quittera en effet le pouvoir en janvier, et veut s’assurer que son successeur ne puisse pas revenir sur un rapprochement «qui restera un élément marquant de sa présidence», souligne l’expert.
1928, Calvin Coolidge est à Cuba.
Dernière visite d'un président américain en exercice sur l'île pic.twitter.com/IH0Wm08ke3— thomas snegaroff (@thomassnegaroff) 20 mars 2016
Ce réchauffement ne tardera d’ailleurs pas à avoir des répercussions concrètes,l’embargo imposé au pays ayant fait l’objet d’importants assouplissements. Le mois dernier déjà, une centaine de vols quotidiens ont été rétablis entre Cuba et les États-Unis. Plus récemment, la chaîne d’hôtellerie Starwood (Sheraton, Meridien, Westin…) a obtenu du Département du Trésor l’autorisation d’ouvrir deux établissements à La Havane, une première depuis 1959.
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«Économiquement, tout le monde à quelque chose à y gagner, à Cuba comme aux États-Unis», explique Olivier Richomme. Cela étant, pour montrer que cette visite n’a pas que des intérêts commerciaux, Barack Obama devrait également rencontrer demain des dissidents politiques. Ces derniers espèrent que la visite du président américain contribue à la fin de la répression dont ils sont victimes.
Un rapprochement limité
Plusieurs étapes restent néanmoins à franchir avant d’arriver à un vrai apaisement entre les deux pays. Côté américain, la levée définitive de l’embargo dépend toujours du congrès, majoritairement républicain, qui s’y oppose pour l’instant. Côté cubain, la perspective d’une ouverture politique, encouragée par les États-Unis, demeure hypothétique. «Personne ne peut prétendre que Cuba doive renoncer à un seul de ses principes (...) pour avancer vers la normalisation», a ainsi rappelé jeudi le ministre des Affaires étrangères.
Une intransigeance qui déçoit l’opposition du pays. Celle-ci espérait en effet que la diplomatie américaine pèse plus lourdement en sa faveur, et exige des garanties sur les droits de l’Homme pour entériner la réconciliation. Barack Obama a préféré faire le pari inverse, gageant que c’est ce début de réchauffement qui encouragerait le pays à s’ouvrir.