L’ouverture vers l’Occident de l’île de Cuba est une occasion importante pour la France d'établir de nouveaux liens économiques.
Les deux dirigeants veulent marquer l’Histoire. Raul Castro doit être reçu ce lundi par François Hollande avec les honneurs prévus pour les visites d’Etat, une première pour un président cubain. Une rencontre qui intervient un peu plus d’un an après l’annonce du dégel entre La Havane et Washington, et quelques mois après le séjour tout aussi historique du président français sur l’île en mai dernier. De quoi illustrer un peu plus le rapprochement entre les deux pays, qui espèrent bien relancer leurs échanges commerciaux.
Se placer avant les Etats-Unis
«C’est toujours bien que la France soit la première, en avance», avait déclaré François Hollande, premier dirigeant occidental à se rendre à Cuba après le réchauffement. Sur le marché cubain, en revanche, Paris est encore un petit peu à la traîne. Avec 180 millions d’échanges commerciaux annuels, il est le dixième partenaire économique de l’île. Une relation «pas encore à la hauteur de nos ambitions», estimait le ministre du Commerce extérieur Matthias Fekl, vendredi, dans L’Humanité.
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C’est pourquoi le gouvernement espère conclure des accords dans de nombreux secteurs. "Tous les domaines sont demandeurs, estime Pierre Rigoulot, directeur de la revue Histoire et Liberté. L’agriculture est complètement à terre, l’état des logements, des routes, des transports est épouvantable."
L’autre grand secteur à conquérir reste le tourisme. Cuba ayant accueilli 3,5 millions de visiteurs l’année dernière, un record amené à être encore battu avec l’ouverture grandissante. Plusieurs grandes entreprises françaises déjà présentes sur l’île comme Pernod-Ricard (Rhum Havana Club), Bouygues ou Accor espèrent ainsi profiter de l’essor touristique qui s’amorce. Mais au-delà de l’impact économique que ce rapprochement pourrait avoir pour la France, il s’agit de se positionner par rapport aux concurrents américain et européens.
Loin de l’eldorado
A l‘instar de ce qui s’est passé la semaine dernière avec l’Iran, la France veut profiter de l’ouverture économique de Cuba. Mais la situation est loin d’être identique. La situation économique de l’île n’en fait pas un poids lourd sur la scène internationale. Avec des salaires moyens avoisinant les 20 euros par mois, le marché reste limité. Paris a d’ailleurs effacé en décembre denier la dette de plus de 10 milliards d’euros que les Cubains avaient contracté depuis près de trente ans.
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"Le régime ne peut pas payer et va se créer de nouvelles dettes, assure Pierre Rigoulot. Sauf changement de politique, il n’y aura pas de chamboulement économique." Reste à savoir si ce n’est pas justement ce changement politique qu’attendent les pays occidentaux en instillant petit à petit l’économie de marché sur l’île. Une révolution dont ils seraient les premiers bénéficiaires.