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Merkel et Tsipras dénoncent la fermeture de la route des Balkans

Un homme transporte dans une poussette son fils et des affaires personnelles sur une route près de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 8 mars 2016 [DIMITAR DILKOFF / AFP] Un homme transporte dans une poussette son fils et des affaires personnelles sur une route près de la frontière entre la Grèce et la Macédoine, le 8 mars 2016 [DIMITAR DILKOFF / AFP]

Berlin et Athènes ont vivement condamné la fermeture "unilatérale" de la route des Balkans, estimant qu'elle ne pouvait résoudre la crise migratoire contrairement au projet de plan d'action EU/Turquie dont les ministres de l'Intérieur de l'UE doivent débattre jeudi.

"On ne résout pas le problème en prenant une décision unilatérale", a déclaré jeudi la chancelière Angela Merkel à la radio publique MDR, insistant sur la nécessité d'une solution "à 28" et "avec la Turquie", faute de quoi, "la Grèce ne pourra pas supporter le poids (migratoire) longtemps".

Mercredi soir, son homologue grec, Alexis Tsipras, avait déjà critiqué la fermeture de la route des Balkans, alors que des dizaines de milliers de migrants, venus de Turquie, sont déjà coincés en territoire grec. "L'UE n'a aucun avenir si ça continue comme ça", a-t-il fustigé dans un tweet, dénonçant lui aussi une décision "unilatérale".

 

 

Les deux dirigeants réagissaient à la décision mercredi de la Slovénie, suivie par la Croatie et la Serbie, de ne plus laisser passer de réfugiés. Depuis lundi, la Macédoine ne laisse elle plus entrer de migrants depuis la Grèce. Mme Merkel et M. Tsipras ont pris l'exact contre-pied du président du Conseil européen, Donald Tusk, qui avait lui salué mercredi la mise en oeuvre d'une "décision commune des 28".

Une femme et trois enfants marchent sur des rails reliant la Grèce à l'Europe de l'ouest, à la frontière gréco-macédonienne près du village grec d'Idomeni, le 9 mars 2016 [DIMITAR DILKOFF / AFP]
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Une femme et trois enfants marchent sur des rails reliant la Grèce à l'Europe de l'ouest, à la frontière gréco-macédonienne près du village grec d'Idomeni, le 9 mars 2016

Sauf exceptions "humanitaires", seuls sont désormais autorisés à entrer dans ces pays les migrants désirant y demander l'asile, une infime minorité parmi les 850.000 personnes qui ont débarqué sur les îles grecques, la majorité voulant se rendre dans le nord de l'Europe, principalement en Allemagne.

Sale boulot

De fait, les restrictions imposées ces dernières semaines aux frontières, de la Macédoine à l'Autriche, avaient déjà considérablement tari le flux de migrants.

La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une réunion politique du CDU à Nuertingen, le 8 mars 2016 [THOMAS KIENZLE / AFP]
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La chancelière allemande Angela Merkel lors d'une réunion politique du CDU à Nuertingen, le 8 mars 2016

Si Mme Merkel a dénoncé la fermeture de la route des Balkans, celle-ci sert néanmoins la chancelière qui, face aux critiques dans son pays, a promis une baisse conséquente et durable des arrivées de migrants, après le million enregistré en 2015. Notant que les arrivées étaient en chute libre, le ministre allemand de l'Intérieur Thomas de Maizière a ainsi relevé jeudi à Bruxelles qu'il voulait "que cela reste comme ça de manière durable".

Le vice-chancelier Sigmar Gabriel avait lui estimé dans une interview dimanche que les pays qui ont verrouillé la route des Balkans faisaient "ainsi le sale boulot à la place de l'Allemagne". La baisse durable des arrivées en Allemagne est d'autant plus cruciale pour Mme Merkel que la montée des populistes dans les sondages sur fond de débat migratoire risque de se traduire en une percée lors d'élections régionales dimanche.

Sur le terrain, la situation empire en Grèce, où 41.973 migrants, dont 12.000 à Idomeni (frontière gréco-macédonienne), s'entassent dans des conditions misérables. Mercredi, 2.373 nouvelles arrivées sur les îles comme Lesbos ou Kos ont été enregistrées.

Athènes tente de convaincre les migrants de gagner les centres d'accueil installés dans l'urgence, pour éviter que la situation ne dérape à sa frontière avec la Macédoine. Par ailleurs, mercredi soir, au large de la Turquie, au moins cinq migrants afghans et iraniens, dont un bébé, sont morts dans un nouveau naufrage, selon l'agence Dogan.

Pour enfin dégager une solution pérenne au niveau européen, les ministres de l'Intérieur des pays de l'UE se réunissent jeudi à Bruxelles pour discuter des mesures controversées en négociation avec la Turquie, l'objectif étant un accord pour "changer la donne" lors du sommet européen des 17 et 18 mars.

"Critiques" de Vienne

Le volet le plus spectaculaire de l'ébauche d'accord UE-Turquie, contesté par les ONG, verrait Ankara accepter la réadmission sur son territoire de tous les migrants se rendant clandestinement en Grèce, y compris les Syriens fuyant la guerre.

En échange, les Européens s'engageraient, pour chaque Syrien renvoyé, à transférer un réfugié syrien depuis la Turquie vers le territoire de l'UE.

Mais signe des divisions sur le sujet, la ministre de l'Intérieur autrichienne, Johanna Mikl-Leitner, s'est déclarée "extrêmement critique" vis-à-vis d'un projet qui risque de jeter les valeurs européennes "par dessus bord".

Données sur les arrivées de migrants en Europe en 2015 et 2016 [Gillian HANDYSIDE, Jonathan STOREY / AFP]
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Données sur les arrivées de migrants en Europe en 2015 et 2016

 

Jeudi, le ministre turc aux Affaires européennes, Volkan Bozkir, a tenu à préciser que la proposition de son pays ne concernait "pas les migrants (...) actuellement sur les îles grecques", et qu'elle concernerait, en cas d'un accord avec l'UE, des "dizaines de milliers" de personnes et non des "millions".

Ankara a exigé en échange le doublement de 3 à 6 milliards d'euros de l'aide promise par l'UE pour l'accueil des 2,7 millions de Syriens déjà sur son sol, une levée "d'ici juin" des visas imposés par les pays de Schengen à ses citoyens et une l'accélération des négociations en vue de son adhésion à l'UE.

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