A las Vegas, capitale mondiale du jeu, Hillary Clinton joue gros ce samedi. La candidate à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine doit impérativement s'imposer dans le Nevada si elle ne veut pas perdre son statut de favorite.
Car l'ex-First Lady s'est découvert ces denières semaines un adversaire de poids sur sa route vers la présidence : Bernie Sanders. Le sénateur du Vermont a créé la surprisr le 9 février dernier lors de la primaire démocrate du New Hamsphire en battant Hillary Clinton, devenant au passage le premier candidat se revendiquant "socialiste" à remporter une étape des primaires. Une victoire qui lui a permis de combler en partie le manque de notoriété dont il souffrait, comme le prouvent les derniers sondages. Pour la première fois, il est passé en tête face à Hillary Clinton dans un sondage, réalisé il est vrai par la très conservatrice chaîne Fox News, obtenant 47% des intentions de vote contre 44% pour l'ancienne secrétaire d'Etat. Et selon un autre sondage réalisé pour le Wall Street Journal et NBC et publié jeudi, il obtient 42% contre 53% à Hillary Clinton, rattrappant ainsi la moitié de son retard par rapport au même sondage réalisé il y a un mois. La partie s'annonce donc très serrée dans le Nevada, où un sondage CNN publié mercredi met les deux démocrates à égalité, à 48% contre 47% pour Sanders (avec une marge d'erreur de 6%).
A lire aussi : Hillary Clinton va-t-elle réussir son pari ?
Hillary Clinton part toutefois avec une longueur d'avance dans le Nevada. Elle y jouit d'une belle notoriété, et depuis longtemps, puisqu'elle y avait battu Barack Obama en 2008 lors de la course à l'investiture présidentielle. Elle peut également espérer séduire les minorités, notamment hispaniques, qui représentent près de la moitié des électeurs de l'Etat. Elle a en effet annoncé en octobre dernier qu'elle entendait poursuivre et même approfondir le programme "Dream Act" de Barack Obama sur l'immigration, qui vise notamment à réduire le nombre d'expulsions. "Nous sommes une nation d'immigrants, construite par des immigrants", avait lancé la candidate.
Cette dernière a ainsi poursuivi son opération séduction auprès de l'électorat hispanique de l'Etat cette semaine. Mardi, son équipe a ainsi lancé un spot tourné dimanche, mettant en scène une rencontre avec une petite fille de 10 ans dont les parents doivent être expulsés. "Mes parents ont reçu un avis d'expulsion, j'ai peur", déclare la petite fille à Hillary Clinton, qui la prend dans ses bras en lui disant : "Ne t'inquiète pas, laisse moi m'en soucier. Je ferais tout ce que je peux pour aider, d'accord ?".
Hillary Clinton mieux implantée dans le Nevada
La candidate a également martelé cette semaine le message suivant : le programme de Bernie Sanders, centré uniquement sur la réforme de l'économie et la régulation du capitalisme, ne suffira pas à combattre les discriminations. "Tout n'est pas centré sur la théorie économique, pas vrai ?", a-t-elle lancé lors d'un meeting à Henderson. Si nous nous attaquons au grosses banques demain - et je le ferai, si elles le méritent, si elles constituent une menace de risque systémique - cela mettra-t-il fin au racisme ? Au sexisme ? A la discrimination envers la communauté LGBT ? Cela permettra-t-il aux gens de se montrer plus accueillants envers les immigrants ?".
Surtout, Hillary Clinton et son staff ont occupé le terrain dans le Nevada depuis de longs mois. Depuis le mois d'août, 22 membres de son équipe ont sillonné l'Etat, organisant, selon le New York Times pas moins de 1.100 rencontres avec des électeurs issus des minorités, hispaniques mais aussi Indiens d'Amérique, afro-américains et asiatiques.
L'ex-First Lady peut ainsi espérer se refaire dans le Nevada, alors qu'elle accuse pour le moment un retard dans la course à l'investiture, avec 32 délégués obtenus contre 36 à Bernie Sanders. Toutefois, elle est largement en tête si l'on prend en compte les superdélégués (481 contre 55).