La Chine a officiellement mis fin dimanche à la politique de l'enfant unique avec la promulgation de la loi autorisant tous les couples à avoir un deuxième enfant, pour faire face au vieillissement de sa population et aux besoins de sa croissance.
Le Parti communiste chinois (PCC) avait annoncé en octobre la fin de cette politique controversée vieille de plus de trois décennies. La loi entrera en vigueur à partir du 1er janvier, a annoncé l'agence Chine nouvelle. Tous les couples mariés seront autorisés à avoir un deuxième enfant, mais la loi maintient des limitations sur les naissances additionnelles. La Chine a introduit la limitation des naissances à la fin des années 70 pour freiner une démographie alors galopante. Elle affirme que cette politique a été un des principaux facteurs de son essor économique et a évité 400 millions de naissances. Les minorités ethniques étaient cependant largement épargnées et dans les régions rurales, les couples étaient autorisés à avoir un deuxième enfant si le premier était une fille.
La politique de l'enfant unique a longtemps été appliquée par la commission de planification familiale, fusionnée ensuite avec le ministère de la Santé, dont les centaines de milliers de fonctionnaires accordaient des permis et infligaient des amendes, mais ont usé également de méthodes controversées comme la stérilisation forcée et l'avortement tardif. Ces avortements sélectifs et les infanticides, alimentés par une préférence traditionnelle profondément ancrée pour les garçons, ont conduit à un grave déséquilibre: en 2014, il est né 116 garçons pour 100 filles, pour un ratio total dans la population de 105 hommes pour 100 femmes. Outre le déséquilibre hommes/femmes, le vieillissement de la population pose désormais d'énormes défis aux autorités dans le pays le plus peuplé du monde, avec 1,37 milliard d'habitants. Il y a deux ans, Pékin avait déjà adopté des mesures d'assouplissement en permettant aux Chinois d'avoir deux enfants si l'un des deux parents était lui-même enfant unique.
Les experts estiment que la décision de mettre fin à la politique de l'enfant unique arrive trop tard pour inverser la tendance actuelle du vieillissement de la population, source d'inquiétude pour les ressources en main d'oeuvre de l'économie chinoise en cours de refroidissement. Par ailleurs, la Chine va permettre à ses citoyens dépourvus de documents d'état-civil, souvent nés en violation de la politique de l'enfant unique, de bénéficier d'une protection santé et d'un accès à l'éducation, ont annoncé jeudi les médias officiels. Quelque 13 millions d'"enfants noirs", soit 1% de la population, n'ont pas de permis de résidence permanente ("hukou"), un sésame indispensable d'une citoyenneté normale en Chine.