La ville de Bruxelles (Belgique) connaît dimanche une deuxième journée en alerte maximale, avec métros et magasins fermés et forces de l'ordre massivement déployées, par crainte d'une réplique des attentats de Paris, dont un suspect-clé est toujours traqué.
Face à une menace "imminente", le gouvernement belge avait relevé dans la nuit de vendredi à samedi son niveau d'alerte terroriste à 4 pour la région bruxelloise, l'aéroport de Bruxelles et la commune flamande de Vilvorde, d'où sont issus plusieurs jeunes qui se sont radicalisés.
Cette décision a été prise en raison d'un "risque d'attentat tel que déroulé à Paris", a indiqué, l'air grave, le Premier ministre Charles Michel, avec pour cibles potentielles "les rues commerçantes, les manifestations, les lieux animés et les transports".
Mesure la plus spectaculaire : la fermeture de toutes les stations de métro, au moins jusqu'à dimanche après-midi, avant une nouvelle réévaluation de la situation par les autorités. Le Premier ministre doit présider dimanche une réunion du Conseil national de sécurité.
Les centres commerciaux, les complexes cinémas, la plupart des musées sont également restés porte close samedi. Les marchés, les compétitions sportives ont aussi été annulés, donnant à Bruxelles des allures de ville morte. Un concert de Johnny Hallyday a également été annulé samedi soir dans la capitale, où un important dispositif policier et militaire était déployé. Et samedi soir, sur recommandation du bourgmestre (maire) de Bruxelles, la plupart des cafés et restaurants du centre-ville ont fermé leurs portes.
Parallèlement, la traque de Salah Abdeslam, qui a joué au minimum un rôle de logisticien dans les attentats de Paris, s'est poursuivie samedi. Ce suspect, qualifié d'"ennemi public numéro un" par la presse belge, reste introuvable huit jours après les attentats de Paris qui ont fait 130 morts. Son frère Brahim s'était fait exploser dans un restaurant vendredi 13 novembre.
"Grosse veste" ou explosifs ?
Français vivant en Belgique, Salah Abdeslam est soupçonné d'avoir convoyé les kamikazes qui se sont fait exploser aux bords du Stade de France. Il aurait ensuite été exfiltré par deux hommes vers la Belgique. Il était "extrêmement énervé" et "peut-être prêt à se faire sauter", a déclaré sur la chaîne de télévision LCI Carine Couquelet, l'avocate d'un des hommes qui affirment l'avoir aidé à fuir vers la Belgique.
Les trois passagers ont dans tous les cas "très peu parlé" durant le trajet. "Mais mon client a eu fort peur", a-t-elle ajouté. "Mon client ne parle pas d'armes, mon client parle d'une grosse veste" portée par Salah Abdeslam, cachant "peut-être (...) une ceinture d'explosifs ou quelque chose comme ça".
Du côté de l'enquête, un suspect arrêté en Belgique a été inculpé vendredi pour terrorisme en lien avec les attentats de Paris. Ce suspect, dont l'identité n'a pas été rendue publique, est le troisième à être inculpé en Belgique en lien avec ces attentats. Des armes ont été retrouvées à son domicile, mais pas d'explosifs, a indiqué samedi le parquet fédéral.
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La Turquie a annoncé samedi l'arrestation d'un homme de nationalité belge, d'origine marocaine, soupçonné d'avoir participé à des opérations de reconnaissance pour choisir les sites parisiens attaqués par les jihadistes. A Paris, les effets des attentats continuent à se faire ressentir. Au cours du week-end, en France mais aussi en Grande-Bretagne, Allemagne, Italie et Espagne, la Marseillaise doit retentir avant le lancement de plusieurs matchs de football. A Toulouse, 10 000 personnes selon la police, 16 000 selon les organisateurs, ont marché samedi "contre la barbarie et les amalgames".
L'état d'urgence a été décrété dans tout la France au soir des attentats et il est prévu qu'il soit maintenu jusqu'à fin février. Un état d'urgence a également décrété pour dix jours au Mali après l'attentat vendredi à Bamako visant un hôtel prisé par la communauté internationale qui a fait 19 morts (18 clients et un gendarme) plus deux assaillants.
Salah pas décédé à Saint-Denis
En une semaine, l'enquête menée en France sur les attentats a fortement progressé. Elle a accrédité l'hypothèse de la participation directe aux attaques du jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud, tué mercredi par la police lors d'un assaut spectaculaire à Saint-Denis, au nord de Paris.
Sa cousine Hasna Aitboulahcen, 26 ans, qui l'aurait aidé dans son entreprise, a aussi été tuée dans l'assaut. Un homme, qui n'a pas encore été identifié, s'est fait exploser dans l'appartement de Saint-Denis, mais une source policière a révélé samedi soir que son ADN n'est pas connu de la police française, ce qui semble exclure qu'il s'agit de Salah Abdeslam.
Sept des huit interpellés mercredi au cours de cet assaut ont été relâchés samedi. L'enquête française a aussi révélé qu'au moins deux des kamikazes du Stade de France ont suivi le chemin des migrants pour venir en Europe: tous deux ont été contrôlés le 3 octobre en Grèce.
Sous l'impulsion française, l'Union européenne a décidé d'instaurer des contrôles systématiques à ses frontières extérieures, y compris pour les ressortissants des 28 Etats membres. Et la Commission européenne proposera d'ici la fin de l'année une révision des règles de Schengen. A New York, l'ONU a adopté une résolution proposée par la France qui donne toute latitude pour combattre Daesh.
Le grand imam d'Al-Azhar, prestigieuse institution de l'islam sunnite basée en Egypte, a jugé "injuste" d'attribuer à l'islam les "crimes" commis par des groupes "terroristes". Le cheikh Ahmed al-Tayeb également qualifié de "terrorisme" les incidents islamophobes survenus en Europe après les attentats de Paris.
Enfin, la préfecture de police de Paris a annoncé la prolongation de l'interdiction de manifester jusqu'au 30 novembre, jour de l'ouverture de la Conférence mondiale sur le climat (COP21) pour laquelle sont attendus plus d'une centaine de dirigeants étrangers à Paris.