Responsable de la communication de la Fondation des Nations Unies, Aaron Sherinian était de passage à Paris pour préparer la COP21. L'aboutissement, pour lui, d'un long travail visant à impliquer la société civile dans ce sommet décisif pour l'avenir de la planète.
Quel est le rôle de la fondation des Nations Unies ?
Son objectif est de connecter les gens avec l’ONU. Nous voulons créer des mouvements, donner de l’information... Trop souvent les gens voient l’ONU comme une institution lointaine et très politique. Mais elle intervient dans notre vie de tous les jours. Concernant la COP21, il s'agit d'un moment essentiel pour notre génération. Les relations publiques sont donc essentielles : il s'agit d'obtenir de l’engagement, de susciter l’enthousiasme autour de l’événement.
Quels types d’acteurs cherchez vous à impliquer dans la COP21 ?
La COP21 est l’occasion de rassembler tout le monde. Ce n’est pas seulement un évènement réservé aux activistes, aux dirigeants d'entreprises, aux politiques et aux ONG. Cela concerne 7,3 milliards d’êtres humains. Je pense que la COP21 sera différente des autres sommets de ce type, car il existe un enthousiasme jamais vu de la part du public.
Comment cela se manifeste-t-il ?
Quelque chose de spécial se passe. Nous sortons du sommet sur les objectifs du developpement durable des Nations Unies, lors duquel 17 objectifs concrets ont été adoptés. Le timing de la COP21 a permis de susciter une dynamique. Car il n’y a pas un seul objectif climatique, mais 17, qui sont liés. La présidence française a voulu que ce sommet soit ouvert, ce qui correspond à la volonté de l’ONU. Ce qui est le plus excitant, c’est que les scientifiques sont enthousiasites, mais aussi les blogueurs, les étudiants, les dirigeants. Le public est plus conscient qu’auparavant. Que ce soit en Chine, aux Etats-Unis ou ailleurs, l'opinion publique a fait comprendre qu'elle voulait de l’action. Je suis donc optimiste.
Qu'est ce qui a changé par rapport aux précédents sommets climatiques ?
Il y a eu l'émergence cette nouvelle communauté des médias digitaux, très impliquée sur question du climat. Ils veulent des faits, et ils absorbent l’information très rapidement. Quand vous regardez les précédents sommets, ces communautés avaient une approche différente. Aujourd’hui les médias sociaux ont un poids nouveau. Les «globalistes digitalement connectés» sont un nouvel acteur à la table des négociations. Ils étaient présents à Copenhague, mais n’avaient pas le poids quils ont maintenant. Les dirigeants les écoutent, c’est nouveau. Et c’est très excitant.
Concrètement, qui sont ces "globalistes digitalements connectés" que vous évoquez ?
En Afrique, Esther Agbarakwe tient un chat sur Twitter toutes les semaines sur le climat. Et il y a des gens du monde entier qui la suivent. Ils se parlent entre eux, ce qui n’était pas concevable il y a quelques années. Ce type de communauté contribue à influencer les dirigeants, mais aussi les entreprises, qui réalisent que si elles ne sont pas du bon côté de la quesiton climatique, elles seront pénalisées. Jusqu’à présent, les consommateurs pouvaient uniquement punir ou récompenser les marques via le fait d’acheter ou non, mais maintenant il y a les médias sociaux, et c’est un moyen extraordinaire de les influencer. C'est pour cela que nous faisons en sorte d'impliquer les top blogueurs du monde entier, dans tous les domaines : lifestyle, technologies, mode...
Estimez-vous que le public est mieux informé qu'auparavant ?
La science a été claire sur le réchauffement climatique. Le rapport de l’IPCC de l’année dernière en a montré clairement l’impact. Cela a aidé. Les gens sont passionnés par ce sujet. C’est désormais une réalité pour la majorité des gens. Mais il reste beaucoup à faire. Le plus important est que les gens commençent à en sentir l’impact dans leur vie de tous les jours. J’espère que c’est le message qu’on entendra à la COP21 : c’est personnel, et il faut faire quelque chose.
Etes-vous optimiste pour l'avenir de la planète ?
Il n’est pas trop tard pour faire des progrès. Regardez ce qui se passe en Afrique avec les banques via mobile : ils ont rattrapé leur retard et ont même dépassé le reste du monde. Il peut se passer la même chose sur la question du développement durable au Moyen-Orient, en Chine, en Inde.... Un vrai changement est possible.