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Le président Erdogan a désormais la mainmise sur la Turquie

Le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan, voit son pouvoir conforté par les législatives. [AFP / Archives]

Conforté dans sa position après le succès de sa formation aux législatives, le président turc Recep Tayyip Erdogan est seul aux commandes pour imposer sa stratégie.

Recep Tayyip Erdogan est désormais seul à bord. Cinq mois après un revers cinglant, concédé lors du scrutin du 7 juin dernier, le président turc a déjoué tous les pronostics pour prendre sa revanche lors des législatives de dimanche et redevenir l’homme fort du pays. Oublié le gouvernement de coalition, le dirigeant de l’AKP va pouvoir choisir tous ses ministres au sein de son parti et mettre en place la politique qu’il souhaite. Une victoire qui apparaissait inespérée pour lui, mais qui s’inscrit dans la continuité pour un peuple turc en quête de repères.
 
 
La Turquie se trouve actuellement dans une situation particulière. Voisine de la Syrie et de l’Irak, elle est par la force des choses un des acteurs principaux des conflits qui touchent ces deux pays. Avec des conséquences directes à l’intérieur même de ses frontières comme la présence de plus de 2 millions de réfugiés ou des attentats perpétrés, selon les autorités, par Daesh. Le dernier en date, il y a trois semaines, a fait plus de cent morts à Ankara.
 
Face à ces nombreuses menaces qui inquiètent les Turcs, Erdogan s’est placé en seul rempart possible. «Il a bénéficié de la crainte des électeurs d’une situation de plus en plus délétère, estime Jean Marcou, professeur à Sciences-Po Grenoble. Faute de réelle alternative, le peuple a choisi la stabilité du parti au pouvoir depuis treize ans.»
 
C’est en effet le message qu’a cherché à faire passer le dirigeant, qui a tout fait depuis le mois de juin pour montrer qu’une coalition au pouvoir était impossible et que, sans majorité absolue, le risque de chaos était encore plus grand dans le pays. «La volonté de la nation s’est exprimée en faveur de la stabilité […] j’ai toujours dit “une nation, un drapeau, un pays, un Etat“», a déclaré Erdogan après le résultat des législatives. Reste à savoir à quel prix cette «unité» apparente a été obtenue, et ce que va en faire Ergdogan durant les prochaines années.
 
 
Dans un rapport publié hier, les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe ont mis en lumière une campagne électorale «ternie par la violence», notamment envers les médias. Et ces derniers craignent que la situation n'empire maintenant. Le site d’actualité al-Monitor a en effet prédit que le gouvernement va être «de plus en plus autoritaire et exercer encore plus de pression».
 
Pour Jean Marcou, Erdogan a deux solutions. «Soit il considère qu’il a la légitimité pour des réformes impopulaires, pour plus de répressions, pour des lois liberticides, soit il voit dans sa position l’occasion de relancer le dialogue, l’ouverture», estime le spécialiste. Une chose est sûre, le nombre de siège acquis par l’AKP l’empêche de pouvoir changer la Constitution comme il l’entend, et d’obtenir un pouvoir illimité.

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