La bataille est perdue d'avance pour les républicains, mais les adversaires de Barack Obama ont engagé mardi au Congrès américain leur ultime assaut contre l'accord sur le nucléaire iranien, dénoncé comme une capitulation face à la République islamique.
"L'Iran émergera plus fort de cet accord sur chaque aspect de sa puissance nationale, et mieux positionné pour étendre sa sphère d'influence", a dit Mitch McConnell, chef des républicains du Sénat, en justifiant son opposition au premier jour de la rentrée parlementaire, complètement dominée par l'Iran.
Aucun républicain n'a apporté à ce jour son soutien au pacte conclu par les grandes puissances et Téhéran le 14 juillet à Vienne, et sur lequel chaque chambre du Congrès votera séparément dans les prochains jours.
Les républicains dénoncent les concessions faites à un pays soutien du "terrorisme", indigne de confiance et dont le programme nucléaire est de facto légitimé. Ils s'indignent du dégel de milliards de dollars de fonds et de la levée sous cinq ans de l'embargo sur les armes.
"Nous savons qu'aujourd'hui en Syrie, les gens sont torturés", a dit le sénateur républicain Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères. "Les appareils génitaux des gens sont en ce moment-même coupés et torturés, et l'Iran soutient cela!"
Nombre de conservateurs sont hostiles en raison des risques perçus pour Israël, dont le Premier ministre Benjamin Netanyahu fut invité en mars à prononcer un discours controversé au Congrès, frôlant l'incident diplomatique.
Dick Cheney, ancien vice-président de George W. Bush et l'un des artisans de l'invasion américaine en Irak en 2003, a argué mardi que l'accord faciliterait la fabrication d'une bombe nucléaire iranienne, permettant aux Iraniens de tuer autant de Juifs en "un jour" que les Nazis l'avaient fait en sept ans, a-t-il dit à Washington.
Pour marquer la gravité du débat, la présence de tous les sénateurs a été requise dans l'hémicycle mercredi après-midi pour les discussions, alors que les travées sont d'ordinaire quasi-vides.
Côté Chambre des représentants, également dominée par les républicains, les débats commenceront mercredi avant un vote prévu vendredi sur une "résolution de désapprobation" de l'accord nucléaire.
Empêcher un vote final
Après un été de lobbying intensif par l'exécutif, Barack Obama peut se prévaloir d'avoir fait quasiment le plein au sein de son camp démocrate: seules quatre défections sur 46 membres du groupe sont à déplorer au Sénat. A la Chambre, 17 des 188 démocrates sont contre à ce jour, selon le journal The Hill.
"Bien que ce ne soit pas l'accord que j'aurais accepté lors des négociations, c'est mieux que s'il n'y avait pas d'accord du tout", a justifié le sénateur Richard Blumenthal.
Le suspense demeurait sur le déroulement exact des votes, la minorité démocrate du Sénat étant désireuse d'empêcher tout bonnement un vote final pour épargner un affront à Barack Obama sur la plus monumentale de ses initiatives de politique étrangère.
Les règles du Sénat stipulent qu'une majorité de 60 voix sur 100 est requise pour la plupart des motions. Si tous les 41 sénateurs démocrates pro-Obama le décidaient, ils seraient en mesure d'empêcher la tenue du vote sur la résolution, mais certains comme Chris Coons pourraient refuser de faire obstruction, par principe, et vouloir que le Sénat se prononce sur le fond du dossier.
Dans l'éventualité où l'obstruction échouerait, si la résolution était adoptée dans un premier temps par la Chambre et le Sénat, la Maison Blanche a répété mardi que le président opposerait son veto.
Les républicains seront incapables de surmonter ce veto faute d'avoir rassemblé une majorité de deux tiers dans chaque chambre, la victoire de Barack Obama n'est donc qu'une question de temps.
La résolution de désapprobation interdirait à Washington de lever la plupart des sanctions contre Téhéran, tel que le prévoit l'accord de Vienne, en contrepartie de l'engagement de l'Iran à ne pas fabriquer d'arme nucléaire. Pour l'exécutif américain, cela coulerait toute chance de coopération et de paix avec l'Iran.