Les forces irakiennes ont enregistré samedi un troisième succès en une semaine face au groupe Etat islamique en brisant le siège par les jihadistes de la principale raffinerie du pays, au moment où le plus haut gradé américain était en visite à Bagdad.
La France, qui fait partie de la coalition internationale luttant contre l'EI, s'est félicitée des derniers "progrès remarquables" des forces de sécurité irakiennes, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
L'armée avait déjà remporté une victoire significative vendredi en reprenant la ville de Baïji, à 10 km de la raffinerie, dans le nord de l'Irak. Et mercredi, elle était parvenue à chasser les jihadistes du barrage d'Adhaim, au nord de Bagdad.
"Les forces irakiennes (...) ont atteint l'entrée de la raffinerie", a déclaré à l'AFP le gouverneur de la province de Salaheddine, Raad al-Joubouri.
Cet immense complexe était assiégé depuis plusieurs mois par l'EI, qui avait réussi à y pénétrer mais sans en prendre le contrôle.
La raffinerie produisait autrefois 300.000 barils par jour, fournissant 50% de la demande locale.
La fulgurante offensive lancée le 9 juin par les jihadistes au nord de Bagdad, qui leur a permis de mettre la main sur de nombreux territoires, avait affecté la production pétrolière dans le nord, mais les importants champs pétroliers et terminaux d'exportation du sud de l'Irak n'ont jamais été touchés.
C'est avec l'aide de miliciens chiites, de tribus sunnites et appuyée par les avions de la coalition internationale, que l'armée a pu reprendre Baïji, la plus grande ville perdue par les jihadistes depuis juin.
Ce succès devrait aider à isoler davantage les jihadistes à Tikrit, plus au sud, des autres zones contrôlées par l'EI, en particulier Mossoul, la deuxième ville du pays.
Prise d'un barrage
A moins d'une centaine de km au sud-est de Baïji, soldats et miliciens chiites ont rencontré peu de résistance pour reprendre le barrage d'Adhaim, l'un des plus grands du pays, selon un journaliste de l'AFP sur place.
L'armée irakienne avait connu une véritable débandade au début de l'offensive jihadiste, mais après la formation d'un gouvernement regroupant toutes les communautés, et forte du soutien des raids de la coalition, elle a ensuite regagné un peu de terrain.
Dans le même temps, le général Martin Dempsey, le chef d'état-major des armées américaines, dont le pays est en première ligne dans le combat contre les jihadistes, s'est rendu dans la capitale irakienne pour des entretiens avec des hauts gradés américains et des responsables irakiens, dont le Premier ministre Haïdar al-Abadi.
Il s'est ensuite rendu à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan (nord), pour rencontrer son président Massoud Barzani.
Cette visite intervient quelques jours après l'annonce par le président américain Barack Obama d'une "nouvelle étape" en Irak. Pour cela, il a approuvé l'envoi de 1.500 conseillers militaires supplémentaires, portant les effectifs américains à 3.100 en Irak.
Cette mesure est destinée à rendre rapidement opérationnelles les forces irakiennes, y compris kurdes, afin qu'elles puissent "commencer à repousser" l'EI, selon M. Obama.
Des Syriens affamés
Le Pentagone avait salué jeudi la décision de M. Abadi de remanier l'armée, en limogeant ou mettant à la retraite 36 officiers.
Mais le général Dempsey avait insisté devant le Congrès sur la nécessité d'intégrer davantage les Kurdes et les sunnites dans le processus de prise de décisions militaires.
Dans la région de Bagdad, les forces de sécurité irakiennes font régulièrement face à des attentats. Samedi encore, quatre personnes ont péri dans une explosion au nord de la capitale, après la mort de 17 personnes la veille dans deux attentats à la voiture piégée.
Les violences ne connaissent aucun répit non plus en Syrie voisine, pays désormais divisé entre zones tenues par les rebelles, le régime et les jihadistes.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme a rapporté samedi des affrontements sans précédent dans la ville de Douma, près de Damas, tenue par les rebelles. Les heurts, qui ont fait plusieurs blessés, ont éclaté après que des habitants affamés eurent cherché à s'emparer de stocks de nourriture contrôlés par un groupe islamiste rebelle.
Le quotidien turc Hürriyet Daily News a en outre rapporté que la Turquie et les Etats-Unis avaient finalisé un accord en vue d'équiper et d'entraîner sur le sol turc à partir de "la fin décembre" environ 2.000 combattants de l'opposition modérée au régime de Damas.