La menace terroriste est montée d’un cran. La fusillade survenue mercredi au Parlement à Ottawa, au Canada, a confirmé qu’aucun pays de la coalition internationale contre Daesh n’est, désormais, à l’abri d’une attaque.
Tout semble en effet indiquer que le tireur, un Canadien de 32 ans récemment converti à l’islam radical, a répondu aux appels de Daesh incitant ses partisans à perpétrer des attaques dans les pays occidentaux. Et dans ce contexte, la France, qui mène des raids aériens contre les combattants islamistes en Irak, constitue une cible de choix.
La peur du "loup solitaire"
Au sein des pays occidentaux, la crainte de voir des individus isolés multiplier les attaques terroristes en représailles à l’intervention en Irak et en Syrie, est plus forte que jamais. Car le message de Daesh est limpide : en septembre, l’organisation avait appelé ses partisans à s’en prendre aux «infidèles».
"Ecrasez-lui la tête à coup de pierre, tuez-le avec un couteau, renversez-le avec votre voiture, jetez-le dans le vide, étouffez-le ou empoisonnez-le", avait exhorté le groupe jihadiste. Son appel avait été entendu : deux jours plus tard, un Australien avait blessé deux policiers à coups de couteau près de Melbourne, avant d’être abattu.
Et deux jours seulement avant Ottawa, un jeune homme proche des milieux islamistes radicaux a tué un militaire à Montréal, le fauchant volontairement avec sa voiture. Autant d’illustrations du nouveau type de terrorisme prôné par Daesh.
"Les islamistes radicaux disposent désormais de la bénédiction de l’Etat islamique pour commettre des attaques à titre individuel, explique François-Bernard Huyghe, de l’Iris. Mais le ”loup solitaire” pur et dur n’existe pas. Il y a toujours quelqu’un pour lui fournir des armes ou l’encourager dans sa démarche.»
La France, une cible privilégiée
En tant qu’acteur majeur de la coalition, la France est en première ligne. "Sur la liste des cibles potentielles, elle est située plus haut que le Canada", estime François-Bernard Huyghe. Un constat partagé par le Premier ministre, Manuel Valls, qui déclarait hier : "Oui, il y a un risque terroriste" sur le territoire.
Craignant une nouvelle attaque imprévue à la Merah, l’Etat a renforcé le plan Vigipirate depuis plusieurs semaines, entraînant la surveillance accrue des édifices sensibles, des sites très fréquentés et des transports publics.
Et cela n’est que la face visible de l’iceberg, l’essentiel étant par ailleurs de juguler les départs de jeunes Français en Syrie, susceptibles de commettre des actes terroristes à leur retour. C’est pourquoi le Parlement examine actuellement le projet de loi du ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui vise à muscler la lutte anti-terroriste via l’interdiction de sortie du territoire ou la création d’un délit «d’entreprise terroriste individuelle».
Le gros du travail se fait donc de manière préventive : "Nos services de renseignement sont préparés, ils ont empêché de nombreux attentats depuis 2001", note F.-B. Huyghe. Mais celui-ci de conclure : "un terroriste peut toujours passer entre les mailles du filet."