Les jihadistes du groupe Etat islamique ont été freinés mercredi dans leur offensive à Kobané, ville syrienne frontalière de la Turquie où les Kurdes ont repris deux positions, tandis qu'en Irak l'armée repoussait leur assaut contre une grande ville de l'ouest du pays.
L'EI avait enregistré des avancées ces dernières semaines en Syrie et en Irak, en dépit des frappes aériennes de la coalition internationale anti-jihadiste dont la stratégie devait être discutée mercredi lors d'une vidéo-conférence réunissant le président américain Barack Obama et des dirigeants européens, notamment le Britannique David Cameron, le Français François Hollande et l'Allemande Angela Merkel.
Tout en se déclarant "très inquiet" pour Kobané, M. Obama avait assuré mardi que sa stratégie "fonctionnait" et visait le long terme.Au cours des 48 dernières heures, la coalition a augmenté le nombre de raids sur les positions de l'EI à Kobané, réussissant à freiner la progression des jihadistes qui étaient arrivés lundi jusqu'au centre-ville.
Mardi et mercredi, les Américains ont mené 18 frappes aériennes autour de la ville, selon l'armée. "La coalition frappe directement l'EI sur la ligne de front" pour forcer les jihadistes à abandonner leurs positions, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Sauver" la ville
L'ONG a annoncé que les combattants kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qui défendent la ville avaient repris mercredi deux positions dans le nord, proches de leur QG dont le groupe extrémiste sunnite Etat islamique (EI) s'était emparé vendredi.
L'EI a récemment fait venir des renforts en hommes pour faire face à la résistance des femmes et hommes de l'YPG, qui ont affirmé leur détermination à se battre "jusqu'au dernier" pour "sauver" la troisième ville kurde de Syrie.
Mieux armés, les jihadistes contrôlent environ 50% de Kobané, et cherchent à l'isoler totalement. Depuis le début le 16 septembre de l'offensive jihadiste, près de 600 personnes, en majorité des combattants, ont péri selon l'OSDH, et quelque 70 villages sont tombés aux mains de l'EI. En outre plus de 300.000 habitants ont fui, dont plus de 200.000 en Turquie et des milliers en Irak.
L'ONU a dit craindre un "massacre" dans Kobané, où sont coincés des centaines de civils en cas de chute de cette ville devenue, dans le monde entier, le symbole de la résistance à l'EI.
Combats dans l'ouest de l'Irak
Dans l'Irak voisin, l'armée, aidée de tribus, a repoussé un assaut de l'EI lancé avant l'aube contre Ramadi, chef-lieu de la province occidentale d'Al-Anbar.
Cette province majoritairement sunnite est devenue un objectif majeur pour les jihadistes qui veulent prendre le contrôle des zones qui lui échappent encore. Ils la contrôleraient à 85%, selon un haut responsable de la province.
"A Al-Anbar, la bataille est rude" face à des jihadistes qui se déplacent "librement", a reconnu un porte-parole du ministère américain de la Défense, le colonel Steven Warren.
L'EI a resserré ces derniers jours l'étau autour d'Amriyat al-Fallouja, l'un des derniers fiefs de l'armée à Al-Anbar, désormais quasiment assiégé.
Après l'arrivée de renforts de l'armée, "nous attendons les ordres (...) pour lancer une contre-attaque et lever le siège de la ville de trois côtés", a indiqué le chef de la police d'Amriyat al-Fallouja, Aref al-Janabi.
L'enjeu est de taille car si la ville tombe, "la bataille se déplacera aux portes de Bagdad et Kerbala", cité sainte chiite au sud de la capitale irakienne, selon un responsable local.
Avant de pouvoir parvenir à Bagdad, les jihadistes devront néanmoins encore s'emparer d'une large bande de territoire.
Sur les dernières vingt-quatre heures, les Etats-Unis ont lancé cinq raids en Irak: l'un près du barrage de Haditha et quatre dans le centre, selon le Pentagone.
Il y aura des 'revers'
Le Pentagone a finalement donné un nom --"Détermination absolue"-- à l'opération qu'il mène en Irak et en Syrie contre l'EI, après plus de deux mois de frappes aériennes, a annoncé mercredi le porte-parole du plus haut gradé américain.
M. Obama avait averti mardi que la campagne contre l'EI allait prendre du temps et qu'il y aurait immanquablement des "revers".
Il s'exprimait à l'issue d'une réunion avec les chefs militaires de 22 des pays membres de la coalition rassemblés à Washington pour la première fois depuis le début de la guerre contre l'EI, fort de dizaines de milliers de combattants dont des Occidentaux.
Les pays de la coalition souhaitent une plus grande implication de la Turquie, notamment en permettant l'utilisation de ses bases par les avions américains. Mais Ankara rechigne à aider les Kurdes à Kobané, alors que l'armée de l'air turque a bombardé lundi des positions en Turquie des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).
Par ailleurs, les responsables de la Coalition syrienne ont reconduit Ahmad Tohmé au poste de Premier ministre de l'opposition en exil.
La Coalition syrienne est reconnue par plusieurs États comme la seule représentante légitime des Syriens. Mais elle est accusée par des rebelles d'être déconnectée de la réalité et d'être corrompue.