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EI : la Turquie se joint à la coalition militaire

Le Parlement turc, à Ankara, le 1er octobre 2013 [Adem Altan / AFP/Archives]

Le Parlement turc a approuvé jeudi à une très large majorité un projet de résolution du gouvernement islamo-conservateur autorisant l'armée à mener des opérations contre les jihadistes du groupe Etat Islamique (EI) en Syrie et en Irak.
 

 

Après l'avoir explicitement refusé, la Turquie a fait savoir ces derniers jours qu'elle était prête à rejoindre la coalition militaire anti-EI formée par les Etats-Unis, accusée de multiples exactions, selon des modalités qu'elle n'a pas précisées.

Le texte du gouvernement, qui dispose de la majorité absolue au Parlement, a recueilli l'approbation de 298 députés, contre 98 se prononçant contre (sur un total de 550 élus). Conformément à la Constitution turque, il donne son feu vert à une éventuelle opération militaire de l'armée turque sur les territoires syrien et irakien et autorise également le stationnement sur le sol turc de troupes étrangères qui pourraient y participer.

Le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu a convoqué une réunion des principaux responsables civils et militaires du pays juste après ce vote pour préciser les modalités de l'engagement turc auprès de la coalition.

Selon les médias turcs, le gouvernement ne devrait pas directement s'engager dans des opérations militaires chez ses voisins mais se contenter plutôt d'ouvrir certaines de ses installations, notamment la base aérienne d'Incirlik (sud), à ses alliés, pour des opérations humanitaires.

"Il ne faut pas vous attendre à des mesures immédiates juste après le vote", a prévenu le ministre de la Défense Ismet Yilmaz avant le débat parlementaire. Après s'être longtemps tenu à distance de la coalition, le président turc Recep Tayyip Erdogan a opéré un spectaculaire revirement ces derniers jours en affirmant que son pays était prêt à faire "ce qui est nécessaire" pour combattre l'EI.

Longtemps accusé d'avoir soutenu l'EI, il a toutefois rappelé que la chute du régime du président syrien Bachar al-Assad restait une de ses "priorités".
   

« Bourbier »
   

M. Erdogan a justifié cette prudence par l'enlèvement en juin à Mossoul (Irak) de 46 ressortissants turcs. Ces otages ont été libérés le 20 septembre. Le chef de l'Etat, qui a jugé mercredi que les actuelles frappes aériennes ne constituaient qu'une "solution temporaire", milite pour la création dans le nord de la Syrie d'une zone-tampon destinée à protéger les réfugiés syriens et le territoire turc.

"La seule cible de ce texte est l'organisation terroriste qui en veut à la tranquillité de ces pays", a plaidé M. Yilmaz devant le Parlement, ajoutant que son pays ne pouvait "fermer les yeux" sur les exactions dont est accusé le groupe ultraradical sunnite.

Le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) et le Parti démocratique du peuple (HDP, pro-kurde) ont voté contre le projet de résolution, jugé "trop large" ou "peu clair".

Un élu du CHP a accusé à la tribune le pouvoir "pousser la Turquie dans un bourbier". "La politique expansionniste et panislamiste du Premier ministre Davutoglu ne peut que mener la Turquie droit à la guerre", a jugé Mehmet Akif Hamzaçebi.

De son côté, le Parti de l'action nationaliste (MHP, droite) a soutenu le mandat. Ce vote est intervenu alors que les combattants de l'EI se trouvaient jeudi aux portes de la ville syrienne de Kobané (Aïn al-Arab en langue arabe), à quelques kilomètres à peine de la frontière turque, malgré les frappes de la coalition.

Depuis quinze jours, les combats pour le contrôle de Kobané ont provoqué l'exode d'au moins 160.000 habitants de cette région à majorité kurde de la Syrie vers la Turquie, qui accueille déjà plus d'un million et demi de réfugiés syriens.

Jeudi, des échauffourées ont opposé à Diyarbakir, la "capitale" kurde de Turquie, la police à des manifestants kurdes qui exigeaient une intervention turque en Syrie, a rapporté un correspondant de l'AFP.

 

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