Le traitement des minorités par la police de Los Angeles se trouve de nouveau au coeur d'une polémique après plusieurs cas médiatisés: un jeune homme désarmé abattu, une femme passée à tabac, et un producteur arrêté pour rien.
"Si vous m'aviez demandé il y a un an, je vous aurais dit que la police de Los Angeles (LAPD), qui a un passif de racisme et violences, avait fait des progrès considérables", a commenté auprès de l'AFP Earl Hutchinson, militant pour la protection des droits des minorités.
"Ces incidents remettent en cause (cette) idée", a-t-il ajouté.
A la mi-août, un jeune homme noir de 25 ans, Ezell Ford, présenté comme souffrant de troubles mentaux, a été abattu par deux policiers qui patrouillaient au sud de Los Angeles.
Il était seul, sans armes et marchait sur le trottoir. La LAPD, sans indiquer le motif de son contrôle, a dit que M. Ford s'était battu avec les policiers et avait tenté d'attraper une de leur armes.
Des témoins cités par les médias locaux ont affirmé qu'il n'avait agressé en aucune façon les officiers. Des manifestations pacifiques ont eu lieu après l'incident.
Jeudi, la LAPD a finalement diffusé le nom des deux policiers, Sharlton Wampler et Antonio Villegas, mis en cause.
Earl Hutchinson a jugé que c'était un "pas positif vers une enquête impartiale et transparente", déplorant qu'il eût fallu faire autant pression pour obtenir ces noms.
- Arrestation au faciès -
D'après Steven Lerman, l'avocat de la famille d'Ezell Ford, interrogé par l'AFP, la police était "légalement forcée de les diffuser, sauf preuves de menaces crédibles envers ces officiers", qu'il qualifie "de voyous".
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Sharlton Wampler, a-t-il souligné, a notamment été poursuivi en 2011 pour avoir battu plusieurs personnes d'une même famille, traîné l'une d'elles vers une piscine gonflable et lui avoir maintenu la tête sous l'eau.
Steven Lerman, l'ancien avocat de Rodney King, dont le passage à tabac par des policiers de la LAPD et leur exonération avait déclenché de violentes émeutes en 1992, compte porter plainte.
Le mois dernier, une vidéo diffusée sur internet montrait un agent de la police des autoroutes en train de rouer de coups une femme à terre, qui a dû être hospitalisée. Ses avocats ont porté plainte.
Selon la police, l'officier a tenté de la maîtriser alors qu'elle marchait sur l'autoroute et refusait d'obtempérer. Selon des témoins cités dans la plainte, cette sans-abri, Marlene Finnock, n'a "rien fait d'agressif".
Jeudi, la police de Beverly Hills, une municipalité huppée qui jouxte Los Angeles, s'est excusée après avoir arrêté une semaine plus tôt Charles Belk, un producteur de télévision afro-américain, alors qu'il sortait d'un restaurant.
Belk "correspondait à la description" d'un voleur de banque qu'ils recherchaient: "grand, noir, chauve", ont-ils justifié.
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Charles Belk a raconté sa mésaventure sur les réseaux sociaux et à la télévision, et a décidé d'en faire un cas d'école: "Vous ne pouvez pas arrêter le premier noir qui passe simplement parce qu'il +correspond à la description+".
Earl Hutchinson encourage la police de Beverly Hills à prendre des mesures concrètes contre les contrôles ou arrestations au faciès.
"Ces affaires viennent par cycles, et ces cycles se répètent", fait valoir M. Lerman.
Elles surviennent alors que les tensions raciales ont été ravivées aux Etats-Unis par la mort de Michael Brown à Ferguson dans le Missouri, un jeune homme de 18 ans sans armes abattu ce mois-ci par un policier blanc, déclenchant de violentes émeutes.
MM. Hutchinson et Lerman estiment que la police de Los Angeles n'est "ni mieux ni pire" que celle des autres grandes villes américaines.
"Ezell Ford et d'autres, Michael Brown, Eric Garner (étouffé par la police à New York), Chicago, Phoenix... Il y a tous les jours des cas de brutalité policière, presque toujours contre les afro-américains", conclut Earl Hutchinson.
Le syndicat de police LAPPL rappelle quant à lui que 57 policiers ont été tués en 10 ans dans le pays par des "gens sans armes".