Des miliciens chiites ont tiré vendredi sur une mosquée sunnite en Irak, faisant 70 morts, alors que Washington qualifiait d'"attaque terroriste" contre les Etats-Unis l'exécution par les jihadistes du journaliste américain James Foley.
Les Etats-Unis, qui mènent des frappes aériennes contre les jihadistes de l’État islamique (EI) depuis le 8 août dans le nord de l'Irak, ont également qualifié de "meurtre barbare", l'exécution du reporter, selon la Maison Blanche.
Malgré la menace de ce groupe extrémiste sunnite de tuer un second otage américain, l'administration américaine a promis de poursuivre ses raids pour aider les forces kurdes et irakiennes à repousser l'EI.
Dans la région de Hamrine, dans la province de Diyala, des miliciens chiites ont tué 70 personnes et blessé 20 autres dans l'attaque contre une mosquée, ont indiqué des médecins et des officiers.
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Les Etats-Unis ont "condamné avec force" cette attaque "abominable", qui constituerait des représailles après que des miliciens chiites ont été tués dans des affrontements dans le même secteur, selon des officiers de l'armée et de la police.
D'autres sources ont fait état d'une riposte après l'explosion d'une bombe au passage d'une patrouille de miliciens.
Ibrahim Aziz Ali, dont le neveu âgé de 25 ans figure parmi les morts, a indiqué à l'AFP que, après avoir entendu des tirs, lui et d'autres habitants s'étaient rués dans la mosquée, où des snipers leur avaient tiré dessus.
Cinq véhicules portant des images de l'imam Hussein, figure vénérée dans la communauté chiite, étaient garés devant la mosquée, a-t-il dit, ajoutant que des affrontements avaient opposé des habitants aux miliciens qui avaient fui avec l'arrivée de l'armée. "C'était un massacre" dans la mosquée, a-t-il dit.
- Attaque à risque -
Si les tribunaux ne nous rendent pas justice, "on (la) rendra avec nos mains", a mis en garde cet homme.
Cette attaque risque d'accroître la colère de la minorité sunnite envers le gouvernement à majorité chiite --qui doit être remplacé d'ici une vingtaine de jours après la nomination d'un nouveau Premier ministre--, à un moment où celui-ci a le plus grand besoin de sa coopération dans son combat contre l'EI.
Ce groupe contrôle en effet nombre de territoires à majorité sunnite depuis le début de son offensive fulgurante le 9 juin au nord, à l'ouest et à l'est de Bagdad.
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Au cours d'une conversation téléphonique, le secrétaire d'Etat américain John Kerry et son homologue irakien Hoshyar Zebari sont tombés d'accord pour "avancer rapidement vers la formation d'un gouvernement" à Bagdad.
Après la déroute des forces de l'ordre devant l'offensive de l'EI, le gouvernement irakien s'est tourné vers les milices chiites, qu'il avait combattues par le passé, pour soutenir ses troupes.
Dans le nord du pays, où l'EI a avancé début août en direction de la région autonome du Kurdistan, les forces gouvernementales collaborent par ailleurs avec les forces kurdes pour reprendre du terrain aux jihadistes.
Ensemble, elles ont réussi à reprendre dimanche le grand barrage de Mossoul, avec le soutien aérien américain crucial et après la livraison d'armes occidentales. Elles tentaient surtout de reprendre la ville clé de Jalawla, conquise le 11 août par les jihadistes.
L'armée américaine a indiqué avoir mené 93 frappes aériennes depuis le 8 août dans le nord de l'Irak.
Alors que les divisions internationales ont bloqué toute initiative sur la Syrie, Washington et ses alliés occidentaux cherchent à préparer désormais une stratégie à long terme pour tenter de stopper l'EI. L'EI est "plus sophistiqué et mieux financé que tout autre groupe que nous ayons connu", a déclaré jeudi le secrétaire à la Défense Chuck Hagel.
Pour le défaire, il faudra s'y attaquer des deux côtés de la frontière irako-syrienne, a jugé le chef d'état-major interarmées, le général Martin Dempsey.
- 700.000 déplacés au Kurdistan -
Ce groupe, responsable de multiples exactions -exécutions, viols et persécutions, a proclamé fin juin un "califat" sur les larges pans de territoires qu'il contrôle à cheval entre l'Irak et la Syrie, poussant à la fuite des centaines de milliers de personnes.
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Mais c'est surtout la diffusion mardi d'une vidéo dans laquelle l'EI montre l'un de ses combattants décapiter le journaliste américain James Foley, enlevé en 2012 en Syrie, qui a poussé la communauté internationale à tirer la sonnette d'alarme.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a fermement condamné vendredi ce "meurtre lâche et haineux" et demandé la libération de tous les autres otages détenus par des groupes islamistes.
Dans sa vidéo, l'EI menace d'exécuter un second otage américain, Steven Sotloff, également journaliste, si les frappes américaines se poursuivent.
La Maison Blanche a réaffirmé à ce propos qu'elle était opposée au paiement de rançons pour obtenir la libération d'otages détenus par "des organisations terroristes".
Face à la crise humanitaire dans le nord de l'Irak, le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés poursuivait une opération logistique massive.
L'objectif est d'assurer de l'approvisionnement de secours à un demi-million de personnes ayant fui l'EI, en majorité des membres des minorités chrétienne et yazidie. Selon le HCR, quelque 700.000 déplacés ont trouvé refuge au Kurdistan.