L'agence de notation Moody's a maintenu vendredi la note de l'Argentine, mais a abaissé sa perspective à "négative", considérant que le défaut de paiement effectif du pays allait accélérer la détérioration de son économie.
"Moody's considère que le non-paiement des obligations de la dette aux créanciers après qu'une période de grâce a expiré est un cas de défaut", indique l'agence, qui souligne notamment les risques engendrés par cette situation sur une inflation déjà très importante.
L'agence d’évaluation financière a en revanche maintenu la note de la dette du pays sud-américain à "Caa1". Face aux baisses des réserves argentines, celle-ci avait été abaissée d'un cran le 17 mars dernier, alors qu'elle était à "B3".
"Le défaut est susceptible d'exacerber la contraction de l'économie, d'accroître la pression sur le taux de change, et de pousser l'inflation à des niveaux encore plus élevés", souligne Moody's.
La dette argentine a déjà été placée mercredi soir en "défaut sélectif" par une autre agence de notation, Standard & Poor's, suivie jeudi par l'agence Fitch Ratings qui estime désormais que la dette argentine est en "défaut partiel".
L'Argentine a manqué d'honorer un paiement de 539 millions d'euros sur les intérêts de ses obligations, alors qu'elle avait un délai de 30 jours qui expirait mercredi soir.
Elle doit régler cette somme à des créanciers ayant consenti une remise de dette de 70% après la crise économique de 2001.
Mais le juge américain Thomas Griesa bloque ce paiement parce qu'il a ordonné à l'Etat argentin de payer d'abord 1,3 milliard de dollars aux fonds qualifiés de "vautours", NML et Aurelius.
Si Buenos Aires remboursait ces deux fonds, elle se mettrait à dos les autres créanciers qui détiennent 93% de la dette et qui ont accepté de ne récupérer que 30% de leur investissement initial.
L'Argentine, dont ce serait le deuxième défaut en 13 ans, crie à l'injustice et a mis en doute vendredi l'indépendance du juge Thomas Griesa. Celui-ci a convoqué une nouvelle réunion vendredi à New York.
Moody's relève l'incertitude autour de "l'impasse juridique actuelle", ce qui implique selon l'agence "un risque accru que les pertes finales pour les détenteurs d'obligations puissent être considérablement supérieures à 20%".