L'augmentation exponentielle des migrants et réfugiés qui affluent sur les côtes italiennes n'est pas un effet pervers de l'opération Mare Nostrum mais s'explique par l'aggravation des crises au Moyen Orient, a estimé jeudi le chef d'état major des forces armées italiennes.
L'amiral Luigi Binelli Mantelli a admis dans une interview à la Stampa, que les arrivées ont augmenté depuis le lancement de cette opération de secours en haute mer gérée par la marine de guerre, et lancée par l'Italie en octobre 2013 après deux terribles naufrages ayant fait plus de 400 morts.
"Mais l'augmentation n'est pas due à Mare Nostrum (le nom donnée à la Méditerranée par les Romains, ndlr), c'est dû aux crises qui apparaissent de toutes parts. En Syrie la situation s'est aggravée, en Irak il y a une avancée des forces fondamentalistes", a expliqué l'amiral Binelli Mantelli.
L'amiral a rejeté les appels notamment de la Ligue du nord (parti anti-immigrés) d'un arrêt de l'opération: "S'il n'y avait pas Mare Nostrum, ils (les passeurs) les jetteraient en mer quand même. Il y aurait toujours le même désespoir, la nécessité vitale de fuir et des passeurs sans scrupules".
L'amiral a déploré l'inaction des autres pays européens dans les opérations de sauvetage.
"La question n'est pas le financement de cette mission, qui est certainement coûteuse mais l'Europe doit comprendre que les côtes siciliennes ne sont pas un port italien mais de tout le continent", a souligné l'amiral.
Alors que pour le moment seuls la Slovénie et Malte participent à Mare Nostrum, des parlementaires ont demandé que des grands pays maritimes comme la France, l'Espagne ou le Portugal envoient des navires sachant que cela permettrait aussi de se répartir les demandes d'asile au nom de la compétence territoriale (le pays du bateau qui les prend en charge en devient responsable).
Les aides données par l'Europe au système Frontex ne sont pas suffisantes, aux yeux de l'amiral: "les fonds ont été donnés pour les centres d'accueil et pour ramener à la maison les clandestins. Mais ce n'est plus une question de contrôle des frontières, c'est bien plus large", a souligné l'amiral.
"Le problème des réfugiés ne se résout pas en mer, il faut s'en occuper sur les côtes de départ. Même si pour la Libye, il faudrait un interlocuteur institutionnel sûr". "S'il y a des millions de gens qui sont contraints de fuir, on ne peut pas les renvoyer", a ajouté l'amiral, en jugeant nécessaire l'implication directe d'autres acteurs notamment l'ONU.