La Chine s'est livrée vendredi à une vaste démonstration de force à Urumqi au lendemain de l'attentat qui y a fait 31 morts, déployant au moins mille membres des forces de sécurité dans la capitale du Xinjiang (ouest), a constaté un journaliste de l'AFP.
De nombreux soldats transportés dans les rues de cette ville ont scandé des slogans, tandis que les voitures de police ont mis leur sirène en marche lorsqu'elles ont défilé devant les milliers de badauds qui s'étaient alignés pour prendre des photos.
D'autres militaires étaient, quant à eux, postés sur des blindés.
De telles manoeuvres avaient déjà eu lieu à Urumqi en juin 2013 après la mort d'au moins 35 personnes dans des violences au Xinjiang.
A l'endroit du sanglant attentat de jeudi, sur un marché de rue, la police a par intermittence mis en place une petite barrière arrivant à hauteur des genoux. Seul un commerçant y avait toutefois dressé son étal.
Des fleurs ont par ailleurs été déposées près des arbres le long de cette artère, à la mémoire des victimes. Ceux qui photographiaient les policiers se sont vu intimer l'ordre de supprimer leurs clichés.
Un témoin a raconté à l'AFP avoir vu la veille les assaillants foncer à bord de plus de deux véhicules dans la foule, jetant des explosifs.
Le Global Times, un journal officiel, a écrit vendredi que cinq d'entre eux avaient été tués, disant ne pas savoir s'ils avaient été inclus dans le bilan de l'attaque, et a cité des témoins ayant fait état de quatre véhicules au total.
Les autorités, pour leur part, n'ont pas confirmé ces informations.
- "Les terroristes essayaient d'en tuer autant qu'ils le pouvaient" -
Une commerçante, qui a refusé de décliner son identité, a raconté à l'AFP que, sous l'emprise de la panique, des personnes s'étaient mises à "courir sur le trottoir". "Mais beaucoup n'ont pas réussi à s'enfuir".
"Les terroristes essayaient d'en tuer autant qu'ils le pouvaient, et ils sont venus ici parce qu'ils savaient que ce serait bondé", a poursuivi cette femme.
Le journaliste de l'AFP a pu voir sur des images qu'il s'est procurées des dizaines de cadavres allongés au milieu d'immenses flaques de sang après le carnage de jeudi.
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Les clients du marché revenus vendredi sur place exprimaient, de leur côté, leur volonté de ne pas se laisser impressionner.
Exemple, cette retraitée agrippant un sac d'oignons qui a lancé à l'AFP: "Ce n'est pas parce que des gens sont venus ici pour essayer de nous terroriser que je ne dois pas avoir de la nourriture fraîche".
A l'Hôpital de médecine traditionnelle chinoise, où nombre des plus de 90 personnes blessées sont soignées, les mesures de sécurité étaient très strictes : un blindé était ainsi garé à proximité, entouré de six membres des forces paramilitaires armés de fusils au canon desquels était fixée une baïonnette.
A la mosquée Yanghang, dans le quartier ouïghour d'Urumqi, un fidèle présent à la prière du vendredi a assuré à l'AFP qu'il ne percevait aucun antagonisme entre cette communauté musulmane et celle des Han.
"Je ne connais personne qui soutiendrait ce genre d'actes. Nous ne sommes pas en conflit avec les autres gens dans notre vie de tous les jours", a ajouté cet homme, qui n'a pas donné son nom.
La mosquée était pleine à craquer et quelques-uns ont en conséquence dû se rassembler dans une rue voisine, cependant que la police paramilitaire veillait au grain.
Les autorités chinoises ont qualifié l'attentat de jeudi de dernier "grave incident terroriste" à frapper le Xinjiang, cette région dont les Ouïghours, des turcophones, constituent la principale ethnie.