Neuf ans après sa mort, le pape Jean-Paul II va devenir saint. Un événement planétaire à la mesure de la popularité dont il jouissait.
«Santo Subito» avait scandé la foule lors des obsèques de Jean-Paul II, en 2005. Cet appel à une canonisation immédiate va finalement être exaucé, neuf ans plus tard – un délai extrêmement court.
L’événement, considérable pour l’Eglise catholique, aura lieu dimanche à Rome, sous le regard de quelque 800 000 pèlerins venus du monde entier ainsi que les délégations représentant 54 pays.
Au total, 19 chefs d’Etat, 24 chefs de gouvernement ainsi que 23 ministres seront sur place pour lui rendre hommage, ainsi qu’à un autre pape, Jean XXIII, qui sera également canonisé.
Et pour ceux qui ne pourront accéder à la place Saint-Pierre, 19 écrans géants ont été installés dans la ville. «C’est un événement comme Rome n’en a jamais vécu dans son histoire, la canonisation de deux papes en présence de deux papes vivants», a commenté cette semaine Mgr Liberio Andreatta, chef de l’agence vaticane d’organisation des pèlerinages. Même si la présence du pape émérite Benoît XVI n’avait toutefois pas été confirmée hier soir.
Un pape populaire
L’engouement tient pour beaucoup à la popularité dont jouit encore aujourd’hui Jean-Paul II. Sa personnalité et son aura ont durablement marqué l’Eglise catholique en la faisant entrer dans la modernité.
Elu en 1978, il avait d’ailleurs très vite compris l’importance des médias pour diffuser son message. Devenu pape presque par accident à l’âge de 59 ans – son prédécesseur Jean-Paul Ier était décédé 33 jours après avoir été élu – il a pu sillonner la planète lors de ses vingt-six ans de pontificat, œuvrant grandement au rapprochement entre les religions.
En 2000, lors d’une visite à Jérusalem, il s’était rendu au mémorial de la Shoah de Yad Vashem ainsi qu’au Mur des lamentations.
«Il a été le pape qui va à la rencontre du monde, explique l’abbé Pierre-Hervé Grosjean, animateur de Padreblog.fr. Il a été le pape de la jeunesse avec les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ), marquant profondément toute une génération aux yeux de laquelle il était comme un père. Et il était très à l’aise avec les foules, sans jamais se comporter comme une star.»
Un héritage important
Premier pape non italien de l’Histoire, le Polonais Karol Wojtyla n’a pas limité son influence à l’Eglise catholique. «C’est un géant de la foi, il a marqué l’Histoire en contribuant à la chute du rideau de fer, estime l’abbé Grosjean. Il a insufflé l’idée d’une Eglise pas centrée sur elle-même, décomplexée et rayonnante.»
Critique inlassable du système soviétique, il a joué un rôle essentiel dans la chute du communisme, notamment dans son pays natal où il a apporté son soutien au syndicat Solidarnosc.
Une lutte qui pourrait avoir été à l’origine de l’attentat auquel il a échappé en 1981 : un terroriste turc, Mehmet Ali Agça, avait ouvert le feu sur lui, le touchant à trois reprises. Le KGB reste soupçonné d’avoir commandité cette attaque.
Mais deux ans après, le pape avait rendu visite à son agresseur en prison, pour lui pardonner. Donnant, comme il l’a ensuite fait à maintes reprises, l’exemple par son comportement.