Les électeurs du Tadjikistan se rendent aux urnes mercredi pour une présidentielle sans réelle opposition, qui devrait apporter un quatrième mandat à Emomali Rakhmon, au pouvoir depuis 1992 dans ce pays de l'ex-URSS proche de l'Afghanistan.
Les électeurs ont commencé à se rendre en nombre dans les bureaux de vote après l'ouverture à 6H00 locales (01H00 GMT).
"La participation est très active", a souligné Rafik Moussaev, le responsable du bureau de vote n°4 de Douchanbé, la capitale, où les électeurs étaient accueillis avec des danses et des chants traditionnels, et des boissons gratuites.
Après quatre heures de vote, quelque 40% des électeurs s'étaient déjà rendus aux urnes, a annoncé à la télévision à 10H00 le président de la Commission électorale tadjike, Chermoukhammad Chokhien.
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Le président Rakhmon avait été réélu en 2006 avec près de 80% des voix et une participation de 90% dans cette ancienne république soviétique de 8 millions d'habitants et 4 millions d'électeurs.
"J'ai voté avant tout pour la paix, la stabilité et le développement", a dit Nazira, une commerçante de 38 ans, indiquant espérer surtout une amélioration économique dans ce pays le plus pauvre de l'ex-URSS, et qui vit essentiellement de l'argent envoyé par sa diaspora en Russie.
Au total, six candidats sont en lice dans ce scrutin, auquel les principaux partis d'opposition ont cependant renoncé à participer.
Résultat prévisible
"Le résultat est prévisible, on sait qui sera président pour les sept ans à venir", a dit Abdurozik, un électeur de 57 ans.
"Pourquoi présenter tant de candidats ? Le président Rakhmon, on le connaît, mais les cinq autres, qu'espèrent-ils ?", a déclaré de son côté Rakhim, un chauffeur de 43 ans.
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Les bureaux fermeront à 20H00 (15H00 GMT), les premiers résultats étant attendus jeudi, de même que l'avis des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
La première femme à briguer la présidentielle, qui portait l'étiquette de "La renaissance islamique" (IRP), un parti modéré, s'est finalement retirée de la course faute de pouvoir réunir les signatures nécessaires pour poser sa candidature.
Oïnikhol Bobonazarova, une avocate et militante des droits de l'homme de 65 ans qui ne porte pas le voile, a affirmé que ses partisans avaient subi des "pressions" lors de la collecte de signatures.
Le Parti social-démocrate, autre formation d'opposition, a pour sa part annoncé qu'il boycotterait l'élection en raison "des violations de la Constitution, des fraudes organisées, de l'absence de démocratie et de transparence".
Les cinq candidats qui se sont présentés contre M. Rakhmon sont peu connus du grand public. Leur programme électoral pour ce pays touché par des pénuries d'énergie chaque hiver, est très vague.
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Selon les observateurs, ces candidats ne sont que des faire-valoir destinés à donner au scrutin un semblant de pluralisme.
L'OSCE a souligné dans un rapport qu'"il n'y avait pas de campagne visible d'autres candidats", tandis que les médias d'Etat ont couvert "de manière extensive et positive" les voyages du président à travers le pays.
A 61 ans, Emomali Rakhmon, à la tête du pays depuis 1992 quand il a renversé un gouvernement de coalition mis en place à la chute de l'Union soviétique, se dirige donc vers un quatrième septennat, rendu possible grâce à des amendements approuvés en 2003.
Ceux-ci lui permettent de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2020.
Cet ancien directeur de ferme d'Etat soviétique bénéficie d'une popularité certaine pour avoir pacifié le Tadjikistan après une guerre civile sanglante entre le pouvoir et une guérilla islamiste dans les années 1990.
Mais sous sa direction, le pays a vu son économie aller de mal en pis. Frappés par la misère, des centaines de milliers de Tadjiks ont quitté leur pays pour travailler à l'étranger, notamment sur des chantiers en Russie.
Il a fait de l'indépendance énergétique le pilier de sa campagne, promettant l'achèvement de la construction du barrage de Rogoun, un projet grandiose vu d'un mauvais oeil par l'Ouzbékistan voisin qui craint des conséquences pour son industrie du coton, et a averti que les tensions pouvaient déboucher sur une "guerre de l'eau".