L'état de santé de la présidente argentine Cristina Kirchner, contrainte au repos à la suite d'un hématome à la tête, focalise l'attention en Argentine à trois semaines de législatives partielles cruciales pour son parti en perte de vitesse.
Quelle est la gravité du mal ? Habituée à exercer le pouvoir, cette femme politique va-t-elle continuer à diriger le pays ou va-t-elle faire appel à son vice-président? Les questions sans réponse sont nombreuses depuis samedi soir et l'annonce par le porte-parole de la présidence que les médecins avaient prescrit un mois de repos à Mme Kirchner, âgée de 60 ans, élue en 2007 et réélue en 2011 pour un ultime mandat de quatre ans.
Après sept semaines de silence, la présidence a révélé que Mme Kirchner avait fait une chute le 12 août, ayant causé un traumatisme crânien sans gravité, jusqu'à l'apparition récente d'un hématome.
Depuis des examens médicaux passés samedi dans un hôpital de Buenos Aires, Mme Kirchner est confinée dans la résidence présidentielle, dans le quartier chic d'Olivos, où elle est entourée de son fils Maximo et de ses plus proches collaborateurs.
Lundi en fin de matinée, le vice-président Amado Boudou a remplacé Mme Kirchner pour un acte officiel au palais présidentiel. La présidente "se repose, c'est un repos mérité", a-t-il déclaré dans un discours télévisé au cours duquel évoquant la continuité, il a indiqué que l'équipe de la présidente allait poursuivre la gestion des affaires, sans évoquer d'intérim.
"Fuerza Cristina, nous sommes tous ensemble", a-t-il dit à la fin de son intervention.
En janvier 2002, M. Boudou avait assuré un intérim de 20 jours quand la présidente avait été opérée de la thyroïde après avoir été soupçonnée d'être atteinte d'un cancer, trois mois après sa réélection.
Le politologue Rosendo Fraga doute que Mme Kirchner renonce même temporairement à ses fonctions. La logique, dit-il, serait un transfert du pouvoir au vice-président, "pour deux raisons : premièrement parce c'est conforme à la Constitution, deuxièmement parce qu'il s'agit de la santé de la présidente", mais, selon lui, la raison politique va primer.
"Laisser la présidence au (vice-président Amado Boudou) à trois semaines des élections aurait un effet négatif pour le pouvoir", estime le politologue.
L'image d'Amado Boudou, 50 ans, vice-président depuis 2011 et ministre de l'Economie de 2009 à 2011, a récemment été écornée. Un magistrat le soupçonne de trafic d'influence et a ouvert une enquête judiciaire qui n'a pas encore abouti.
Maigres informations
Les milieux économiques sont dans l'expectative. Figure du patronat, José Ignacio de Mendiguren espère davantage de clarté. "Nous attendons d'avoir les informations adéquates. Il n'y a pas eu d'information précise; cela contribuerait à l'apaisement".
Le traumatisme crânien du 12 août n'a pas empêché la présidente argentine de faire plus d'une dizaine de déplacements en Argentine et à l'étranger, notamment à Saint-Pétersbourg, New York et Asuncion.
Le Front pour la victoire (FPV) qu'elle dirige est mal en point dans les sondages réalisés avant les législatives partielles du 27 octobre, et l'opposition s'interroge sur l'annonce de l'incident médical, trois semaines avant le scrutin.
La présidente, une péroniste de centre gauche, espère conserver le contrôle du Parlement pour mener à bien son second mandat de quatre ans à la tête de l'Argentine, qui s'achève en 2015.
Depuis samedi, sur les plateaux de télévision, à la radio et dans les journaux, des médecins analysent les informations communiquées avec parcimonie par la présidence et discutent de l'opportunité d'une opération.
Le quotidien d'opposition La Nacion a indiqué que la chute de la présidente serait survenue sur l'escalier d'accès à l'avion présidentiel Tango 1.
La dernière apparition publique de Cristina Kirchner remonte à vendredi, lors de l'inauguration d'un hôpital dans une banlieue de Buenos Aires et n'avait donné lieu à aucun commentaire sur son état de santé. Dimanche, elle déclarait dans une émission enregistrée 10 jours auparavant que "le kirchnérisme, c'était plus qu'une personne".
Cristina Kirchner a succédé en 2007 à son mari Nestor Kirchner, mort en 2010 d'une crise cardiaque.