Volonté de plus de transparence sur son programme nucléaire, condamnation de l’Holocauste, vœux du nouvel an juif, le président iranien Hassan Rohani et son équipe veulent rompre avec l'image d'inflexibilité de l'ère Ahmadinejad.
Dans sa première déclaration après avoir été chargé par le président des négociations nucléaires avec les grandes puissances, le chef de la diplomatie Mohammad Javad Zarif a assuré vendredi que l’Iran voulait "lever les inquiétudes" internationales sur son programme nucléaire.
"Lever les inquiétudes internationales est dans notre intérêt car les armes atomiques ne font pas partie de la politique de la République islamique", a-t-il affirmé, après un entretien téléphonique avec Catherine Ashton, la chef de la diplomatie européenne, qu'il doit rencontrer fin septembre.
M. Zarif, un modéré qui a fait des études de droit international aux Etats-Unis, semble être au centre de cette nouvelle approche. Ancien ambassadeur d’Iran auprès des Nations unies au milieu des années 2000, M. Zarif a tissé de nombreuses relations avec les diplomates étrangers mais aussi avec des politiques américains.
L’Iran, accusé par les occidentaux et Israël de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme nucléaire civil, dément et revendique son droit à la production pacifique d’uranium enrichi.
Un autre responsable iranien, Ali Akar Salehi, chef de l’Organisation de l’énergie atomique (OIEA), s'est lui aussi montré conciliant. Ce titulaire d'un doctorat en science nucléaire des Etas-Unis a affirmé que l’Iran "comprenait" les inquiétudes de la communauté internationale.
"Nous sommes prêts à les lever en utilisant toutes les conventions, les règlements et les mécanismes au niveau international", a déclaré M. Salehi dans un entretien avec l’agence Irna. Il n'a pas rejetté une éventuelle ratification du protocole additionnel au Traité de non-prolifération (TNP), qui permet des inspections surprises des sites nucléaires iraniens.
Mais, a-t-il dit, "il faudra que l’autre partie reconnaisse tous nos droits en matière nucléaire".
Entre 2003 et 2005, l’Iran avait accepté d’appliquer le protocole additionnel, mais a cessé de le faire après que le dossier nucléaire a été envoyé devant le Conseil de sécurité en 2005 après l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad.
"Happy Rosh Hashanah"
Au-delà de la question nucléaire, M. Zarif a également multiplié les initiatives pour corriger l’image de l’Iran donnée par Mahmoud Ahmadinejad, l'ancien président iranien qui avait remis en cause l’Holocauste et appelé à la disparition d'Israël.
"Nous condamnons le massacre des juifs par les nazis et nous condamnons le massacre des Palestiniens par les sionistes", a affirmé le M. Zarif sur sa page Facebook.
"Nous n'avons rien contre les juifs et le judaïsme mais nous ne permettons pas aux sionistes de présenter l'Iran comme antisémite et va-t-en guerre dans leur propagande pour pouvoir continuer à réprimer le peuple palestinien (...) et faire oublier leur crime", a-t-il ajouté. L'Iran ne reconnait pas l'existence d'Israël.
Ce n’est pas tout: M. Zarif a également souhaité la bonne année aux juifs, écrivant sur son compte twitter "Happy Rosh Hashanah".
Une initiative saluée, notamment par Christine Pelosi, la fille de l'ex-présidente de la Chambre des représentants américains Nancy Pelosi. "Merci. Le nouvel an serait encore plus doux si vous mettiez un terme à la négation de l'Holocauste par l'Iran". M. Zarif a réagi en écrivant: "L'Iran n'a jamais nié l'Holocauste. L'homme qui était perçu comme niant cela est maintenant parti. Bonne année".
Toutes ces initiatives visent à redorer l’image de Téhéran et mettre fin à la crise du nucléaire qui a isolé l’Iran sur la scène internationale, avec des sanctions pétrolières et bancaires particulièrement dures imposées par les Etats-Unis et les pays européens.
Les revenus pétroliers du pays ont chuté de moitié à cause des sanctions pétrolières, provoquant une chute de la monnaie iranienne et une inflation de plus de 40%.
Le président Rohani, qui a pris ses fonctions le 4 août dernier, a déclaré récemment que la politique étrangère et l’économie étaient ses "deux priorités".