Le Premier ministre chinois Li Keqiang rencontre dimanche à Berlin la chancelière Angela Merkel, seule dirigeante de l'Union européenne au programme de sa première tournée à l'étranger, les deux puissances exportatrices cherchant à renforcer leurs liens et apaiser les tensions commerciales sino-européennes.
Le dirigeant chinois, qui a pris ses fonctions en mars, est arrivé samedi dans la capitale allemande pour une visite de trois jours qui doit s'achever lundi.
Jeudi et vendredi, il était en Suisse pour la signature d'un mémorandum sur un accord de libre-échange. Cet accord avec Berne est le premier conclu par la Chine avec l'une des 20 premières économies mondiales et la Suisse espère désormais le signer officiellement en juillet.
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Le séjour en Allemagne de Li Keqiang, unique étape parmi les 27 pays de l'UE, montre que Pékin entend soigner sa relation spéciale avec la première économie européenne, selon des analystes.
L'Allemagne est de loin le plus grand partenaire commercial européen de la Chine. Le marché chinois est un débouché essentiel pour son industrie automobile et ses machines-outils.
Les échanges entre les deux pays ont atteint 144 milliards d'euros en 2012, selon les chiffres officiels allemands.
La visite de M. Li commencera par Potsdam, ville proche de Berlin, et le palais de Cecilienhof où Staline, Truman et Churchill tinrent en 1945 une conférence visant à façonner l'après-guerre, en Europe et en Asie. Mme Merkel, qui en août avait visité la Cité interdite avec Wen Jiabao, le prédécesseur de M. Li, le recevra ensuite avec les honneurs militaires à la chancellerie, avant de s'entretenir avec lui sur "toute l'étendue de notre relation très intensive", dont le commerce, selon le porte-parole de la chancelière.
"Nous devons essayer d'obtenir que l'Europe et la Chine trouvent le chemin d'accords amiables, d'accords justes sur ces questions (commerciales)", a déclaré Steffen Seibert vendredi.
L'analyste Hans Kundnani (Conseil européen des relations étrangères) estime que du côté allemand, "il ne s'agit que de commerce. L'Allemagne voit essentiellement la Chine comme un vaste marché d'exportation dont elle est de plus en plus dépendante".
L'an passé, en l'espace de sept mois, la chancelière s'est rendue deux fois en Chine. Et lors de son deuxième voyage, elle était accompagnée de patrons de plusieurs grands groupes, comme Airbus qui a signé un contrat de 3,5 milliards de dollars pour 50 appareils.
De leur côté, "les Chinois voient en l'Allemagne l'Europe qu'ils souhaitent, c'est-à-dire une Europe qui reste en dehors de la rivalité entre la Chine et les Etats-Unis", estime M. Kundnani.
Berlin confirme en tout cas son statut de destination phare au sein d'une Europe en crise depuis trois ans.
Cette visite intervient dans un contexte de bataille commerciale entre Pékin et Bruxelles, l'UE réfléchissant à la mise en place d'une taxe antidumping sur les panneaux solaires chinois.
Mme Merkel avait affirmé à Pékin qu'elle ne soutiendrait pas la demande des producteurs de panneaux solaires européens. Et cette semaine, le ministre de l'Economie, Philipp Rösler, a mis en garde contre de possibles représailles de Pékin, se faisant l'écho des inquiétudes du lobby industriel allemand.
En Suisse, Li Keqiang a déclaré que cette mesure, si elle était adoptée, "causerait non seulement des dégâts sérieux à l'industrie, aux entreprises et à l'emploi en Chine, mais ferait aussi du mal aux intérêts des utilisateurs et consommateurs en Europe", selon l'agence Xinhua.
Dans l'hebdomadaire Die Zeit, Li Keqiang a loué l'excellente collaboration économique des deux pays, estimant que "les résultats obtenus jusqu'ici ne sont qu'un début". "Un dialogue actif peut permettre une meilleure compréhension mutuelle et les efforts pour tenter de comprendre l'autre peuvent renforcer la confiance".
Selon M. Kundnani, si la relation sino-germanique est actuellement "presque idyllique", elle est cependant condamnée à changer à mesure que la Chine, "dans les dix années qui viennent", va devenir un concurrent, plus qu'un marché pour l'Allemagne.
A l'occasion de cette visite, l'artiste dissident chinois Ai Weiwei qui a été emprisonné 81 jours en 2011 et jouit d'un écho important en Allemagne, espère que Mme Merkel fera pression pour que les intellectuels critiques soient mieux traités par les autorités de son pays.