Après Wikileaks et le Vatileaks, voici l'Offshore Leaks. Depuis jeudi, une enquête journalistique mondiale a révélé sur la place publique les noms de personnalités et d'entreprises apparemment liées à des sociétés offshore établies dans des paradis fiscaux.
En Grande-Bretagne, en France, en Belgique, mais aussi aux Etats-Unis et en Allemagne, les révélations sur les activités offshore de personnalités ou d'entreprises dans des paradis fiscaux se sont multipliées jeudi et vendredi.
Cette plongée dans le monde opaque des paradis fiscaux, le public la doit à un Consortium de journalistes d'investigation américains, l'ICIJ, qui est parvenu à récupérer un disque dur contenant 2,5 millions d'emails et des informations sur 122.000 sociétés offshore et quelques 12.000 intermédiaires. Une base de données sans précédent.
Encore plus d'informations que WikiLeaks
Ces informations concernent principalement les Iles vierges britanniques et représentent un volume "160 fois supérieur aux informations confidentielles publiées par WikiLeaks sur le département d'Etat américain en 2010" assure le Guardian.
Pour traiter ces informations issues de deux sociétés offrant des services "offshore" à Singapour et aux Iles Vierges, l'ICIJ collabore avec une quarantaine d'organes de presse internationaux, dont Le Monde pour la France.
En recoupant leurs informations, le consortium et les journalistes de plusieurs nationalités sont déjà parvenus à "confondre" des centaines de détenteurs d'intérêts dans des paradis fiscaux.
Parmi eux, le Président azerbaïdjanais Ilham Aliyev, des enfants d'anciens dictateurs, et des proches de chefs d'Etat actuellement en fonction.
C'est le cas par exemple du vice-Premier ministre russe, un proche de Vladimir Poutine, ou de l'ancien trésorier de la campagne de François Hollande, Jean-Jacques Augier. Ce dernier a admis jeudi être actionnaire de deux sociétés offshores dans les îles Caïmans, tout en niant en avoir tiré un "avantage fiscal".
Un véritable feuilleton
Un peu à la manière de Wikileaks qui publiait des câbles diplomatiques quasiment à la façon d'un feuilleton, les données de l'ICIJ apportent tous les jours leur lot de révélations.
Outre les révélations sur les activités de Jean-Jacques Augier publiées jeudi par Le Monde, on apprenait le lendemain, on apprenait dans les même colonnes que les banques BNP Paribas et Crédit agricole avaient aidé à la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux dans les années 1990 et 2000, via des filiales basées notamment en Asie.
Quelques heures plus tard, le site Internet du quotidien mettait à jour un empilement de sociétés écrans dont le bénéficiaire réel était le baron Elie de Rothschild, le célèbre banquier mort en 2007.
En attendant d'autres révélations, l'ICIJ a d'ores et déjà consacré le data-journalisme.
En images : La carte mondiale des paradis fiscaux
BNP et Crédit Agricole accusés d'avoir aidé à monter des société offshore