L'Argentin Jorge Mario Bergoglio a été élu pape le 13 mars 2013 sous le nom de François à l'issue du traditionnel conclave auquel avaient pris part les 115 cardinaux électeurs. Il succède à l'Allemand Benoît XVI -Joseph Ratzinger - démissionnaire le 11 février de la même année.
Après la formule «habemus papam» prononcée par le cardinal français Jean-Louis Taurant, Jorge Mario Bergoglio a fait son apparition au balcon pour sa première bénédiction urbi et orbi.
Une immense clameur a aussitôt retenti Place Saint-Pierre, avec les cris de joie poussés par une foule nombreuse qui brandissait des drapeaux et scandait «habemus papam» et «viva il papa», pendant que les cloches résonnaient à toute volée.
Cette élection avait mis un point final à quatre semaines inédites et mouvementées, depuis l'annonce surprise le 11 février 2013 par Benoît XVI de sa renonciation à l'âge de 85 ans - une première en sept siècles, depuis celle du pape moine Célestin V.
Peu après 19h00 ce soir là, une fumée blanche s'était échappée de la cheminée de la Chapelle Sixtine, annonçant l'élection du nouveau pape.
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Dès son élection, le pape François s'est retrouvé à la tête d'une Eglise confrontée à de grandes difficultés : sécularisation massive dans les pays de tradition chrétienne, scandales de pédophilie et de corruption qui remontent sans cesse du passé, mauvaise gouvernance et intrigues à la Curie, difficultés d'adaptation aux cultures locales, rapports tendus avec l'islam rigoriste, contestations diverses.
Mais, en même temps, le nombre des catholiques croît rapidement dans beaucoup de pays du sud. L'Eglise, vivante, est aux avant-postes sur de nombreux terrains (santé, pauvreté, éducation, etc...), et enregistre dans ses rangs une floraison d'initiatives et de nouveaux mouvements.
Le 11 février, dans un court message sobre en latin aux cardinaux médusés, un pontife allemand à bout de forces avait créé la stupeur en annonçant sa «renonciation» à mener «la barque de Pierre». Il avait admis ses forces déclinantes face aux défis d'un monde en rapide changement.
Un geste humble qui avait été salué dans le monde entier, mais pas toujours bien compris dans l'Eglise. Il avait annoncé qu'il se retirerait dans la prière, manifesterait une «obéissance inconditionnelle» au nouveau pape, et s'effacerait aux yeux du monde.
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Le 28 février 2013, sans cérémonie mais avec émotion, Joseph Ratzinger prenait congé de près d'1,2 milliard de catholiques, affirmant qu'il resterait toujours avec eux dans la prière.
Se refermaient alors les lourdes portes de la résidence d'été de Castel Gandolfo, près de Rome, où il devait résider jusqu'à son installation dans un monastère au Vatican même. Commençait alors la période de «siège vacant».
Les cardinaux, arrivés du monde entier, avaient ensuite délibéré à huis clos dans des «congrégations générales» pendant une semaine, mettant tous les problèmes sur la table avec franchise, et demandant notamment une meilleure gouvernance de l'Eglise.
Puis les 115 cardinaux électeurs - de moins de 80 ans - étaient entrés en conclave dans la célèbre Chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange, loin des caméras, après avoir rendu hommage au «pontificat lumineux» de Joseph Ratzinger.
Soixante-neuf cardinaux, créés cardinaux par Benoît XVI durant ses huit ans de pontificat, n'avaient jamais participé à un conclave.
Depuis un mois, le plus petit Etat du monde bruissait de rumeurs sur le profil souhaité de l'élu - administrateur à poigne, pasteur chaleureux, théologien, réformateur moderne mais respectueux de la tradition -.
Serait-il italien à nouveau - après 35 ans de pontificat polonais et allemand -, européen, nord ou sud-américain, africain, voire asiatique ? Le rapport des forces était déséquilibré entre nord et sud. 60 des 115 princes de l'Eglise appelés à voter sont européens (dont 28 Italiens). Dix-neuf seulement sont latino-américains, 14 nord-américains, 11 africains, 10 asiatiques, un australien.
Les «papbili» les plus souvent cités avaient été le Canadien Marc Ouellet, le Brésilien Odilo Pedro Scherer, l'Italien Angelo Scola. Tous des hommes énergiques et doctrinalement sûrs, pas révolutionnaires, manquant de charisme mais estimés. Avec des points de ressemblance avec leur mentor Joseph Ratzinger.
Alors que les préparatifs du conclave allaient bon train, de nouvelles révélations sur «Vatileaks» et un prétendu «lobby gay» paraissaient dans la presse italienne et un cardinal écossais, Keith O'Brien, démissionnait pour des gestes homosexuels «inappropriés».
SNAP, l'organisation d'anciennes victimes américaines des prêtres pédophiles, accusait une douzaine de cardinaux d'inaction et d'indulgence pour les prêtres pédophiles. Des accusations que plusieurs d'entre eux et le Vatican même ont contestées avec véhémence.