Un attentat contre un convoi de pèlerins chiites en route pour l'Iran et l'assassinat de soldats enlevés par les insurgés talibans ont fait 40 morts dans des régions du Pakistan sur la ligne de front de la "guerre contre le terrorisme", ont annoncé dimanche les autorités.
Une bombe placée dans un véhicule et activée par une télécommande a détoné au passage d'un convoi de trois autocars bondés de membres de la minorité musulmane chiite à une trentaine de kilomètres de Quetta, la capitale de la province instable du Baloutchistan (sud-ouest), frontalière de l'Afghanistan et de l'Iran.
"Au moins 19 personnes ont été tuées et 25 autres blessées. Les victimes sont toutes des pèlerins chiites", a dit à l'AFP Tufail Baluch, un haut responsable local. Le premier autobus a pris feu après l'explosion et des corps ont été retrouvés calcinés, a ajouté M. Baluch.
Il s'agit d'un des attentats les plus meurtriers perpétrés cette année contre les chiites qui représentent environ 20% de la population du Pakistan, pays musulman de 180 millions d'habitants majoritairement sunnites. En 2012, plus de 350 chiites ont été tués dans des attaques à travers le pays.
Ce nouvel attentat n'a pas été revendiqué. Le Baloutchistan, une des régions les plus pauvres du Pakistan malgré ses ressources minières, est le théâtre d'un insurrection locale, mais les rebelles baloutches s'en prennent aux symboles du pouvoir et non à cette minorité.
Le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP, mouvement des talibans du Pakistan), qui multiplie depuis sa création il y a cinq ans les attentats contre les forces de l'ordre et les chiites, avait revendiqué une série d'attentats contre des processions chiites à travers le pays le mois dernier.
Des soldats enlevés, ligotés et abattus
Les autorités pakistanaises traquaient dimanche des talibans impliqués dans l'assassinat de soldats capturés plus tôt cette semaine à l'issue de combats près de Peshawar, capitale de la province du Khyber Pakhtunkhwa (nord-ouest), frontalière de l'Afghanistan.
"Nous avons trouvé les corps criblés de balles de 21 membres des forces de sécurité dans une zone inhabitée", vers minuit, a déclaré à l'AFP un haut responsable local, Naveed Akbar.
Deux autres soldats avaient été enlevés. L'un d'eux a été "retrouvé en vie mais blessé" et "un autre a réussi à s'enfuir sans être blessé", a ajouté ce responsable.
Les soldats, membres d'une unité paramilitaire, avaient été enlevés jeudi lors de l'attaque de deux bases des forces gouvernementales à la sortie de Peshawar. Leurs corps ont été découverts à environ quatre kilomètres de là.
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"Les mains des soldats avaient été ligotées avant qu'ils ne soient abattus", a déclaré à l'AFP un autre responsable, Gul Shehzad. Plus tôt cette année, le TTP avait décapité une dizaine de soldats pakistanais.
Ces nouveaux meurtres interviennent quelques heures seulement après la diffusion d'une vidéo du chef du TTP, Hakimullah Mehsud, dans laquelle il invitait le gouvernement d'Islamabad à des pourparlers de paix, mais refusait de désarmer.
Le chef du TTP avait aussi exigé du gouvernement pakistanais qu'il prenne ses distances avec les Etats-Unis dont les drones bombardent chaque semaine les zones tribales du nord-ouest pakistanais, repaire de talibans et de groupes liés à Al-Qaïda.
Le Pakistan a perdu plus de 3.000 soldats dans sa lutte contre les rebelles, mais refuse de lancer une vaste opération contre le principal sanctuaire des insurgés, dans la zone tribale du Waziristan du Nord.