L’affaire qui oppose Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo pourrait prendre fin aujourd’hui lors d’une audience civile à New York. L'avocat Pierre Hourcade décrypte les enjeux de ce rendez-vous.
Peut-on s’attendre à un accord entre Dominique Strauss-Kahn et Nafissatou Diallo ?
Oui, c’est l’hypothèse la plus probable, bien que ce ne soit pas une certitude absolue. Il faut pour cela que les deux camps se soient déjà mis d’accord sur le montant de la transaction durant les négociations qui ont duré depuis plusieurs mois. Dans ce cas, le juge n’aura qu’à avaliser le deal aujourd’hui après en avoir pris connaissance. Il n’a pas son avis à donner sur le montant. L’audience peut être très courte, environ un quart d’heure et les deux protagonistes ne sont pas tenus d’y participer.
Le Monde a évoqué six millions de dollars. Est-ce crédible ?
C’est possible et dans ce cas, ce serait une bonne affaire pour DSK. Car si sa culpabilité avait fini par être reconnue par le jury populaire, la somme aurait pu atteindre dix voire quinze millions de dollars. Une somme qu’a dû payer le joueur de basket-ball Kobe Bryant dans une affaire similaire.
Cela s’explique par une chose simple : il n’est pas rare que ce type de jurys attribue des dommages punitifs pour punir la personne qui est en cause.
Serait-ce surprenant que l’affaire se termine ainsi ?
Non, c’est le cas dans environ 90% des affaires au civil. Elles ne vont pas jusqu’au procès parce que c’est une procédure très longue et très couteuse dans laquelle chacun a intérêt à ne pas s’engager : Nafissatou Diallo, parce qu’elle s’assure une grosse somme, Dominique Strauss-Kahn parce qu’il évite un déballage encore plus grand de sa vie privée.
Les avocats de la plaignante ont aussi tout intérêt à ce que cela se conclut par un deal. Jusqu’à maintenant, ils travaillaient bénévolement mais demain, ils toucheront 30% de la somme, soit potentiellement plus de deux millions de dollars.
En France, on imagine qu’avec cet accord, DSK reconnaît sa culpabilité. Est-ce le cas ?
Les Américains, eux, sont beaucoup plus pragmatiques. Ils savent que tout cela coute cher et leur rapport à l’argent n’est pas le même. Il est donc probable qu’ils tournent la page sans considérer que DSK est coupable.
Saura-t-on un jour ce qui s’est passé dans la suite 28-06 du Sofitel ?
Il y a de fortes chances qu’on ne le sache jamais car ce type d’accord comprend des clauses de confidentialité très strictes. Elles empêchent les parties d’évoquer ce qu’elles connaissent de l’affaire, que ce soit dans un livre, devant les médias ou au cinéma.
Pierre Hourcade est avocat aux barreaux de Paris, New York et Californie.
A LIRE AUSSI SUR DIRECTMATIN.FR
DSK, Diallo, Vance, Brafman... : un an après, que sont-ils devenus ?