Les autorités allemandes ont défendu jeudi la communauté juive et la pratique de la circoncision lors d'une ordination de rabbins à Cologne (ouest), la première depuis la guerre dans ce berceau du judaïsme en Allemagne.
"Nous voulons un judaïsme florissant" dans ce pays, a lancé le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, présent jeudi dans la synagogue de Cologne, ville où, a-t-il souligné, "est né le judaïsme en Allemagne".
Mais Cologne, c'est aussi la ville où un tribunal de grande instance a provoqué en juin une polémique internationale en déclarant hors la loi et passible de poursuites pénales la circoncision des enfants pour motif religieux.
Ce tribunal avait estimé que l'ablation du prépuce d'un enfant relevait de coups et blessures volontaires, suscitant incompréhension et désarroi parmi les 4 millions de musulmans et plus de 200.000 Juifs d'Allemagne, deux communautés pratiquant la circoncision.
Alors que la controverse commençait à enfler au cours de l'été, le jugement était considéré, de source diplomatique allemande, comme un "désastre" pour l'image du pays à l'étranger, notamment au regard de son lourd passé nazi.
"Il faut qu'il soit possible ici de vivre les traditions juives sans insécurité juridique; la liberté religieuse et les traditions religieuses sont protégées en Allemagne et le resteront", a promis jeudi M. Westerwelle, très applaudi, ajoutant: "celui qui interdit la circoncision des garçons en Allemagne, proscrit le judaïsme en Allemagne".
Dans une lettre adressée à la "communauté juive de notre pays", le chef de l'Etat allemand, Joachim Gauck, pour le nouvel an juif, le 17 septembre, affirme avoir relevé que "certains membres de la communauté se font du souci pour l'avenir d'une vie juive en Allemagne".
Mais, a-t-il déclaré, "le judaïsme fait partie de l'Allemagne - aujourd'hui et demain".
A Cologne, plusieurs responsables ont relayé, parfois avec véhémence, les inquiétudes et les souhaits de la communauté juive, en lien avec le climat tendu né du débat sur la circoncision.
"Aucun commandement dans le judaïsme n'est aussi universellement suivi que la circoncision", a déclaré Dieter Graumann, président du conseil central des juifs d'Allemagne.
"Si la circoncision devait être interdite en Allemagne, alors les Juifs seraient renvoyés froidement dans l'illégalité", a-t-il insisté.
Le président du Congrès juif mondial, Ronald Lauder, dont la fondation est à l'origine du renouveau du séminaire de rabbins dont sont issus les quatre aspirants ordonnés à Cologne, a estimé que les Juifs "étaient vus comme des étrangers", leurs "coutumes et traditions remises en question", dans de nombreux pays d'Europe.
"Ce n'est pas nouveau: d'abord, cela a été au nom de la religion, ensuite au nom de la race maintenant au nom du droit", a-t-il jugé, lançant ensuite un appel: "ne nous dites pas à nous juifs comment être juifs".
"Mettez vous du côté de la liberté, de la tolérance et du respect mutuel, et laissez nous être juifs ici", a-t-il insisté.
Les quatre rabbins ordonnés jeudi, âgés de 25 à 37 ans, qui sont originaires du Bélarus, d'Israël, des Etats-Unis et d'Ukraine, ont été formés par le séminaire de rabbins Hildesheimer de Berlin, une institution orthodoxe fondée en 1873, fermée par les nazis en 1938 et rouverte en 2009.