Les secours se poursuivaient vendredi pour retrouver d'autres rescapés parmi les immigrants naufragés dans l'océan Indien, entre Indonésie et Australie, mais les espoirs s'amenuisaient, avions et bateaux arrivés sur place ne discernant que des corps flottant dans les eaux.
Jusqu'à présent, 109 personnes --et non 110 comme annoncé précédemment-- ont été sorties des eaux où cette embarcation, venue du Sri Lanka et à destination de l'Australie, a fait naufrage jeudi après-midi. Les autorités estiment à 200 le nombre de personnes à bord.
La mort de trois personnes a été confirmée et plus de 80 autres sont portées disparues. Mais le secrétaire d'Etat aux Affaires intérieures Jason Clare a jugé ténu l'espoir de retrouver des survivants.
"Un avion de surveillance a vu des débris et des gilets de sauvetage dans l'eau", et "les secours ont aperçu des corps", avec ou sans gilets de sauvetage, a-t-il expliqué, avant de souligner: "Malheureusement je ne peux pas annoncer actuellement qu'on a repéré des survivants".
"Nous devons nous préparer à de mauvaises nouvelles. Il est possible que bien plus de gens aient perdu la vie", a-t-il commenté.
Quatre navires de la marine marchande, deux navire de guerre australiens et cinq avions participaient aux recherches.
Les survivants, tous des hommes adultes à l'exception d'un adolescent de 13 ans, ont été amenés en bateau vers l'île de Christmas, un territoire australien perdu au milieu de l'océan Indien à 2.600 km des côtes nord-ouest de l'Australie et 300 km des côtes indonésiennes. Ils y subissent des examens médicaux.
Le bateau avait émis un appel de détresse jeudi après-midi et fait naufrage à 120 mille au large de Christmas.
Les informations recueillies depuis le naufrage indiquaient que l'embarcation provenait du Sri Lanka. Selon Jason Clare, les passagers étaient pour la plupart des Afghans.
Les Afghans représentaient 12% des demandeurs d'asile ayant vu leur dossier accepté en 2010/2011 en Australie. Ils étaient 1.027 à avoir reçu un permis de séjour pour des raisons humanitaires et représentaient ainsi le groupe le plus nombreux, après les Irakiens et les Birmans.
Une quarantaine de rescapés ont été retrouvés agrippés à la coque retournée du bateau jeudi auprès-midi et d'autres accrochés à des débris du naufrage, à trois milles marins du lieu de l'accident, a précisé le secrétaire d'Etat.
Trois des quelque 109 survivants ont été admis à l'hôpital, dont l'un dans un état critique, mais les autres ne nécessitaient pas de soins importants.
"Ils ont été transférés vers les établissements Phosphate Hill de l'immigration", a indiqué l'administrateur de l'île Steve Clay, à la radio ABC. "Ils sont examinés par les médecins, ils étaient assis et semblaient calmes".
L'île de Christmas avait été le théâtre d'un terrible naufrage en décembre 2010. Une embarcation transportant aussi des immigrants -- venus d'Irak et d'Iran -- s'était fracassée contre les rochers de la côte découpée, dans une mer déchaînée. Le nombre exact de victimes n'a jamais été connu mais il est estimé à une cinquantaine.
La plus grande catastrophe date de 2001: un bateau transportant 353 immigrants vers l'Australie avait coulé au large de l'Indonésie. Personne n'avait survécu.
Depuis le 1er janvier, les autorités australiennes ont intercepté 62 bateaux transportant au total 4.484 migrants, un nombre record sur une période de six mois.
Les immigrants, kurdes, iraniens ou irakiens pour la plupart, embarquent en général depuis l'Indonésie à bord de bateaux souvent surchargés et en mauvais état, pour tenter de rejoindre l'Australie. A leur arrivée, beaucoup sont amenés dans des centres de rétention en attendant l'examen de leurs dossiers.
Les arrivées par la mer de demandeurs d'asile avaient dominé les élections de 2010. Ils étaient 6.555 à avoir accosté sur les rivages de l'île continent cette année-là, un chiffre faible en valeur absolue, mais le plus élevé jamais enregistré.
Les voyages depuis le Sri-Lanka sont plus rares que depuis Java mais des sources dans le secteur de la Marine à Colombo rapportent une forte hausse de ces départs d'immigrants, acheminés vers l'Australie par des passeurs.
L'agence de l'ONU pour les réfugiés s'est déclarée vendredi "profondément inquiète.
"Cet accident souligne à nouveau la nature dangereuse de ces voyages hasardeux, et les mesures désespérées et tellement risquées auxquelles les gens ont recours lorsqu'ils veulent fuir les persécutions dans leur pays", a indiqué le Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) dans un communiqué.