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L'audition émouvante d'une rescapée d'Utoeya

Anders Behring Breivik en salle d'audience le 22 mai 2012 à Oslo[AFP]

Une rescapée de la fusillade d'Utoeya, prise pour cible par Anders Behring Breivik alors qu'elle n'avait que 14 ans, a ému le tribunal d'Oslo mercredi en montrant ostensiblement ses énormes blessures et en affirmant qu'elles étaient son écot à la démocratie.

"Je n'ai pas peur de montrer mes cicatrices", a affirmé à la barre, Ylva Helene Schwenke, une grosse tache rouge dans le bas de son cou dénudé.

"J'ai le sentiment que c'est une sorte de victoire. Nous avons payé le prix pour la démocratie et nous avons gagné", a ajouté l'adolescente aujourd'hui âgée de 15 ans.

Ses propos ont forcé l'admiration dans la salle 250 du tribunal d'Oslo tandis que Breivik, lui, esquissait un sourire comme il le fait souvent quand des témoignages viennent contredire son idéologie hostile aux principes démocratiques.

Le 22 juillet 2011, Breivik a tué 77 personnes, des adolescents pour la plupart, en faisant exploser une bombe près du siège du gouvernement à Oslo puis en ouvrant le feu sur des jeunes travaillistes réunis en camp d'été sur l'île d'Utoeya.

S'il reconnaît les faits, l'extrémiste de droite de 33 ans plaide non coupable, estimant qu'il s'agissait de "cibles légitimes" qui font, selon lui, le lit de l'islam et du multiculturalisme en Norvège.

Touchée à la gorge, dans le ventre et aux deux cuisses, Ylva Helene Schwenke dit avoir cru mourir sur Utoeya.

"J'ai vu des films où des personnes mouraient d'une balle. Alors, avec quatre, j'ai pensé que c'était impossible de survivre", a-t-elle dit au 23e jour du procès.

"Allongée, j'attendais la lumière ou le noir, ce qui se produit quand on doit mourir", a-t-elle ajouté.

La jeune fille est finalement évacuée par bateau mais ses souvenirs sont brumeux: "je me souviens seulement que (les secouristes, ndlr) ont découpé mon soutien-gorge préféré", a-t-elle confié, déclenchant des rires dans le prétoire.

La santé mentale de Breivik est la question centrale du procès.

S'il est reconnu pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.

Les juges du tribunal d'Oslo devront trancher la question dans leur verdict attendu en juillet.

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