La montée de la contestation dans la province du Québec a conduit les autorités de la province à mettre en place une série de mesures destinées à mettre fin à ce « printemps d’Érable ».
Quitte à paraître disproportionnées, voire contre-productives : dans la nuit de dimanche à lundi, près de 300 personnes ont été interpellées tandis que l’on déplorait un blessé grave.
Tout avait commencé avec une grogne estudiantine de facture assez classique suscitée par la hausse annoncée des frais de scolarité à la fac de 82% sur sept ans. Mais aux revendications initiales se sont greffées de nouveaux motifs d’insatisfaction, donnant au mouvement une dimension plus radicale inspirée notamment des Indignés dans sa version « soft », ou des émeutes athéniennes de février 2012 de dans sa version « hard ».
Face à cette flambée de violences, inattendue dans cette région habituée à la paix sociale, le Parlement provincial québécois a adopté vendredi une « loi spéciale » - conçue par le gouvernement de Jean Charest - destinée à mettre fin aux manifestations, et qui doit rester en vigueur jusqu’en juillet 2013. Les dispositions de ce texte – surnommé « loi-matraque » ont cependant surpris les observateurs par leur dimension fortement répressive et suscité une levée de boucliers.
Première mesure : la restriction du droit de manifester. Tout projet de rassemblement doit être annoncé à la police en respectant un délai minimal de huit heures et les attroupements à moins de 50 mètres des établissements scolaires sont interdits. Par ailleurs, toute perturbation volontaire du fonctionnement des universités est sanctionnée de 1.000 à 5.000 dollars par jour pour un individu, et de 25.000 à 125.000 dollars par jour pour une organisation. De nombreuses secondaires viennent enfin compléter le dispositif, comme l’interdiction, par exemple, de porter un masque – dont celui, emblématique, des « anonymous » - dans les cortèges.
Cette loi a débouché sur une nouvelle vague de contestation, encore plus violente, ponctuée de cocktails molotov et d’interpellations policières tous azimuts. Un "record" vient d’être franchi avec les 305 dernières interpellations constatées dans la nuit de dimanche à lundi, même si la plupart des personnes interpellées ont été rapidement relâchées.
L’opinion publique québecoise demeure partagée face à ce train de mesures. Des sondages, contestables car réalisés de manière aléatoires sur le web, indiqueraient que les Québecois auraient tendance à approuver le texte de Jean Charest. Au sein de la communauté étudiante elle-même, une large frange craint de voir leurs examens décalés, voire annulés, en raison de ces mouvements. Et l’interdiction de perturber les cours a su apaiser ces inquiétudes.