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Breivik impassible face aux rapports d'autopsie

Anders Behring Breivik quitte le tribunal, le 3 mai 2012 à Oslo[AFP/Pool]

Mannequin de démonstration et photos à l'appui, le tribunal d'Oslo a entendu vendredi les premiers rapports d'autopsie des 69 victimes de la tuerie d'Utoeya, une audience qui a fait couler beaucoup de larmes, mais laissé de marbre l'auteur du carnage, Anders Behring Breivik.

Après un exposé très clinique par un médecin légiste des causes de la mort, la Cour s'est familiarisée avec chacune des neuf premières personnes à avoir péri dans la fusillade à laquelle s'est livré l'extrémiste de droite contre un rassemblement de la Jeunesse travailliste le 22 juillet 2011.

Luttant parfois pour contenir leurs sanglots, les avocats des parties civiles ont dressé un portrait bref mais émouvant des victimes sur la base de témoignages recueillis auprès de leurs proches.

Premier à tomber sous les balles de Breivik, le vigile Trond Berntsen a ainsi été dépeint comme "le meilleur père au monde" alors qu'une photo de lui tenant ses deux jeunes enfants était projetée dans la salle 250 du tribunal.

"Lejla était une fille à la joie et au rire contagieux. Elle était connue pour son combat pour la justice, la solidarité et la démocratie", a déclaré un autre avocat évoquant le cas, la voix étranglée, d'une adolescente fauchée à 17 ans.

Dans le public où siégeaient des proches des victimes, la séance a provoqué une effusion de sentiments forts, exprimés toutefois dans la dignité : certains sanglotaient, d'autres s'enlaçaient, d'autres encore quittaient le prétoire.

Assise à quelques mètres seulement de l'accusé, une adolescente écoutait le regard vide comment le tueur les a privés, elle et ses trois frères et soeurs, de leur mère.

Rare personne à ne pas montrer d'émotions, Breivik regardait quant à lui avec un apparent détachement les photos des victimes telles que retrouvées sur Utoeya ou encore le médecin légiste montrer sur un mannequin comment les balles avaient traversé chaque corps.

Comme depuis le début de son procès le 16 avril, l'extrémiste de 33 ans a semblé prendre des notes sous le regard scrutateur des quatre experts-psychiatres mandatés par la justice pour examiner sa santé mentale.

Breivik "était probablement le seul à ne pas avoir la chair de poule et à ne pas pleurer", a ensuite témoigné un jeune rescapé d'Utoeya, Sondre Lindhagen Nilssen, au journal Aftenposten.

Toute la semaine prochaine devrait encore être consacrée à la présentation des rapports d'autopsie, tant la liste des victimes est longue.

Sur les 69 victimes d'Utoeya, 67 ont péri par balles et les deux autres d'une chute ou par noyade, a indiqué vendredi Torleiv Ole Rognum, médecin légiste de l'Institut norvégien de la santé.

La plupart ont été atteintes de deux ou trois balles --jusqu'à huit impacts ont été relevés sur un corps-- et pas moins de 56 ont été touchées à la tête, a-t-il dit, preuve que Breivik achevait méthodiquement ses victimes.

Pendant la fusillade de plus d'une heure au cours de laquelle une majorité d'adolescents ont péri, l'extrémiste a notamment tiré des balles à fragmentations habituellement utilisées pour la chasse au gros gibier.

"Ca fait des milliers de petits éclats qu'on ne peut voir à l'oeil nu", a expliqué M. Rognum.

Avant Utoeya, Breivik avait fait exploser une bombe près du siège du gouvernement norvégien à Oslo, faisant huit autres victimes.

Bien qu'il reconnaisse les faits, l'accusé plaide non coupable, qualifiant son geste d'"attaques préventives contre les traîtres à la patrie" coupables à ses yeux de livrer la Norvège au multiculturalisme et à "l'invasion musulmane".

S'il est déclaré pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.

En dernier ressort, ce sera aux juges de trancher la question de sa santé mentale dans leur verdict attendu en juillet.

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