Une enquête était engagée vendredi sur les causes de l'avarie du Costa Allegra, qui a contraint un millier de personnes à son bord à des conditions de vie très sommaires pendant trois jours dans l'océan Indien, tandis que de nombreux passagers rendaient hommage au dévouement du capitaine et de l'équipage.
Le Costa Allegra, privé de propulsion et d'électricité lundi après un incendie suivi d'une panne du générateur de secours, avait été pris en remorque mardi par un thonier français à environ 200 milles nautiques (380 km) au sud-ouest de Mahé, principale île des Seychelles, où il est arrivé jeudi.
"L'enquête est actuellement en cours, c'est un grand navire, cela prendra donc du temps pour se faire une idée de ce qui a déclenché l'incendie et des raisons pour lesquelles le générateur de secours est tombé en panne", a déclaré à l'AFP le commandant des gardes-côtes des Seychelles, le lieutenant-colonel Georges Adeline.
"Des techniciens ont atterri pour travailler spécialement sur le bateau. Nous avons tenté de le relier à un générateur sur le port, mais il n'y a toujours pas de courant", a-t-il ajouté.
Une journaliste de l'AFP a demandé sans succès à pouvoir monter sur le bateau, un ancien porte-conteneurs de 187 mètres et quelque 28.600 tonneaux, reconverti en bateau de croisière en 1992 et modernisé en 2000, propriété de l'armateur Costa Crociere.
Cette filiale du géant américain de la croisière Carnival est déjà visée par de nombreuses plaintes après le naufrage d'un autre de ses bateaux, le Concordia, qui a fait 32 morts, le 13 janvier, près des côtes de l'île italienne de Giglio.
Mais si le capitaine du Concordia, Francesco Schettino, inculpé depuis par la justice italienne, a été sévèrement critiqué pour être volontairement passé trop près de la côte, puis avoir lâchement abandonné son navire avant son évacuation, son homologue de l'Allegra, Nicolo Alba, a reçu les louanges de plusieurs passagers qui ont salué son professionnalisme et son humanisme.
"Le capitaine a toujours été présent, pas comme Schettino sur le Concordia", a souligné Sara, une passagère italienne à Victoria. "Je ne peux que louer le capitaine, il a été génial. Tout aurait pu très mal se passer, mais cela n'a pas été le cas", a confirmé sa compatriote Francesca Pierozzi.
L'incendie s'est déclaré lundi dans la salle des machines et a été éteint en moins d'une heure, avait expliqué à la presse jeudi Nicolo Alba.
"Quand on a vu la fumée, il y a eu un mouvement de panique, surtout quand les lumières se sont éteintes", a raconté à la presse, à l'aéroport de Rome, Jonathan, un passager parmi la centaine de ceux qui ont été rapatriés à leur demande sur des vols spéciaux affrétés par Costa Crociere.
Selon le capitaine, "trois ou quatre heures environ après l'incendie", le générateur de secours, placé dans un endroit du navire différent de celui où se trouvent les moteurs et générateurs principaux, est à son tour tombé en panne.
Des batteries de secours ont permis au navire de continuer à communiquer. Mais le millier de passagers et membres d'équipage se sont retrouvés privés d'électricité et donc d'air conditionné, de sanitaires et de cuisines durant trois jours.
A Rome, un passager italien a décrit un bateau "plein d'excréments" et "puant", tandis qu'un autre critique le manque d'informations des passagers, un moment rassemblés près des chaloupes, gilets de sauvetage enfilés, pour une éventuelle évacuation.
"Au niveau hygiène, ce n'était pas agréable", a souligné Eliane Vidaillac, passagère de retour à Paris avec son mari Georges, qui a salué un équipage "à la hauteur" dont les membres "ont fait ce qu'ils ont pu".
Un autre Français, Bernard Poirier, reste surtout bouleversé par "les tensions" apparues entre passagers durant ces trois pénibles journées. "Les gens commençaient à se battre pour une chaise, c'était chacun pour soi. Des clans se sont formés", a-t-il raconté à l'aéroport de Roissy (région parisienne).
Environ 70% des passagers du Costa Allegra sont restés aux Seychelles pour y poursuivre leurs vacances aux frais de Costa.
La compagnie, qui s'est dit consciente des dégâts causés à son image de marque par ces deux accidents successifs en un mois et demi, s'est engagée à rembourser leur croisière et leurs dépenses à bord aux passagers qui se verront en outre accorder une "indemnité" équivalente à ce montant.